À Saint-Denis (93), le collège Elsa Triolet interdit les claquettes-chaussettes. Évidemment, les élèves protestent…
Fini les claquettes-chaussettes. Cet accoutrement déplorable est désormais interdit par le règlement intérieur du collège Elsa Triolet de Saint-Denis. Au grand dam des élèves qui trouvent qu’il y a trop de règles, les pauvres bichons.
Pour ma part je serais assez favorable à l’interdiction dans tout l’espace public de cet appariement regrettable. Oui je sais, on ne peut pas imposer l’élégance par la loi. C’est bien dommage.
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En attendant, on a le droit de penser que le laisser-aller vestimentaire généralisé contribue à l’enlaidissement du monde et de nos rues. On s’habille partout comme chez soi, le confort ayant détrôné l’élégance. Comme si l’apparence qu’on offre à ses contemporains n’avait pas la moindre importance. À en croire les professeurs interrogés dans la presse, si le collège a adopté cette règle, c’est pour des raisons de sécurité, pas de savoir-vivre. Eh bien je le regrette.
Avachissement général
Peu me chaut que Kylian Mbappé porte ces claquettes-chaussettes, ce qui est sans doute la principale raison de leur popularité dans les quartiers dits populaires, dont les modes langagières et vestimentaires font fureur dans les beaux quartiers (une amie me raconte que sa fille et ses copines s’appellent « frère » entre elles…). Mais puisqu’il parait que notre footballeur est un modèle pour les jeunes générations, j’aimerais qu’il donne un meilleur exemple. Parce que, avec ou sans chaussettes, les claquettes, c’est laid et que c’est une proclamation d’avachissement. Rappelons qu’elles ont été conçues pour la plage ou pour trainer chez soi, pas pour la ville. Mais je reconnais que j’établis là une fâcheuse discrimination que l’association de défense des plages pourrait me reprocher.
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Il est vrai aussi que ces fichues claquettes ont été vues dans des défilés de mode. L’an dernier, le modèle commercialisé par Lidl ainsi que les chaussettes arborant le logo du distributeur discount s’étaient revendus sur Ebay à des sommes affolantes, allant jusqu’au millier d’euros. C’est so chic de porter des chaussures en plastique bon marché avec des robes qui coûtent des milliers d’euros. Il y a quelques années un créateur a fait défiler des mannequins en haillons, en porterez-vous pour aller au bureau ?
Le vêtement est un message
On me dira que les jeunes aiment suivre les modes. Certes, mais nous, les adultes, on n’est pas obligés de suivre les jeunes dans tous leurs caprices. S’ils veulent porter des claquettes en soirée, libres à eux. Mais l’école ce n’est pas Macdo, on ne vient pas comme on est. On n’arrive pas en classe avec ses habitudes et ses exigences. Ni avec ses origines. On a interdit le voile islamique, interdit qui s’étend aux djellabas et tenues islamiques. Beaucoup d’établissements bannissent les shorts et les nombrils à l’air (j’ajouterais volontiers les joggings à la liste mais je ne vais pas ouvrir ce front aujourd’hui). Tout simplement parce que certaines choses ne se font pas. Le problème, c’est que ce ne soit plus spontané. Quand j’étais collégienne, si je portais une tenue trop voyante ou dévêtue pour aller à l’école, on m’envoyait me rhabiller. Et si je bravais l’interdit en me changeant dans les escaliers, je me faisais doublement engueuler. Il n’y avait pas besoin de règlement intérieur. Faut-il désormais préciser qu’on ne va pas en classe en pyjama ?
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Le vêtement est un message, il parle aux autres. On ne dit pas tout ce qui nous passe par la tête, a fortiori quand on est un élève. Eh bien, de même, on ne s’habille pas n’importe comment (d’où le double sens du mot « tenue »).
Les collégiens d’Elsa Triolet trouvent qu’il y a trop de règles. Comme l’écrit Barbara Lefèbvre, c’est la génération « j’ai le droit ». S’ils comprennent que la vie en société impose des règles, l’école leur aura au moins appris quelque chose.
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