Cinq textes de l’écrivain odieux et réprouvé Marc-Edouard Nabe sont réédités par Le Dilettante, précédés d’une préface inédite: «Amitié et anarchie».
Il faut toujours prendre les écrivains au mot. Voyez Marc-Edouard Nabe, 64 ans – l’âge de la retraite : « Ah, ce qu’il peut me tarder d’être vieux ! », soupirait-il dans Au régal des vermines, ces trois-cent pages de colère logorrhéique qui, en 1985, lui firent tout uniment un nom propre et une sale réputation. Enfin, la chose arrive : « Maintenant, nous sommes vieux, Gaultier et moi, et voici à nouveau quelque chose qui nous rapproche », constate-t-il, non sans attirer Dominique, toujours à la proue de la maison d’édition Le Dilettante, dans les rets de son ressentiment pathologique : « on se retrouve seuls. Sans amis, sans « réseaux », sans relations sociales… ». Mais Nabe, orgueilleusement, s’en accommode in petto : « c’est tant mieux ! Désencombrés de tous ces gens de notre jeunesse qui sont devenus si méprisables ! »
Exilé en Suisse
Beau joueur, il faut le reconnaître, le Dominique Gaultier ! Car le même Nabe qui jadis proclamait : « J’ai horreur des amis. Aucun sentiment ne me donne plus envie de vomir par terre que l’amitié. Je suis très content de n’en avoir jamais eu », est redevable d’un superbe gage d’amitié à celui-là même qui déjà, naguère, se
