Interviewé par Elisabeth Lévy dans le dernier numéro de Causeur1, Michaël Prazan, spécialiste des mouvements radicaux, note avec pertinence que l’islamisme progresse partout où l’éducation régresse. L’idée a séduit apparemment notre chroniqueur, à qui rien de ce qu’est l’École n’est étranger.
Dans un livre très récent, La Vérité sur le Hamas et ses idiots utiles, Michaël Prazan analyse la sidérante perversion qui a permis l’infiltration des partis de gauche et des bastions de la République par les Frères musulmans et leurs séides. Il a par ailleurs raconté cela fort bien dans une interview-fleuve éclairante.
La crise de l’instruction rend service au radicalisme musulman
Le pédagogisme, cet enseignement de l’ignorance, a dégagé des temps de cerveau pour le fanatisme. Partout où l’on n’instruit plus, les croyances les plus absurdes prennent le relais du savoir. C’est ainsi que pour 25 % des élèves, la Terre est plate et que les femmes ne toucheront pas plus d’un tiers de l’héritage paternel — et à condition qu’elles obéissent à leurs maris et se voilent afin d’exciter la juste concupiscence des hommes…
Que des enseignants, qui pour leur majorité votent à gauche, voire à l’extrême-gauche, consentent à mettre la pédale douce sur les savoirs les mieux constitués en consacrant beaucoup de temps à demander leur avis à des enfants ou des adolescents dont les convictions se sont formées dans le cercle familial, la « communauté » et les ghettos où ils habitent est une faute, et peut-être un crime. Une faute contre l’esprit — et en l’espèce, un crime contre la nation. Que des inspecteurs sanctifient cette pédagogie de la misère, qui témoigne d’une misère de la pédagogie, est une déviation majeure que seule une rapide radiation des cadres peut enrayer. Au bourrage de crâne des écoles coraniques doit répondre une instruction basée sur la science et la culture.
La culture ne peut pas être woke
Quelle culture ? se demanderont les imbéciles. Rappelons à ces gens « de gauche » ce que disait Marx : tant que le prolétariat n’a pas pris le pouvoir, il n’y a pas d’autre culture que la culture bourgeoise.
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Bourgeoise, et blanche — je n’y suis pour rien, c’est la couleur de peau dominante du monde occidental. Et « dégenrée », pour parler la langue des minorités les plus revendicatrices, qui crient fort pour ne pas s’entendre, ne pas penser. La culture n’a pas de sexe, contrairement à ce qu’affirment ceux (et non pas « celles et ceux », complaisance stupide aux modes régressives) qui répètent sans la comprendre la formule célèbre de Beauvoir, « on ne naît pas femme, on le devient » : le mélange de considérations sociologiques et physiologiques est d’une inconséquence absurde. On ne lutte pas contre l’invisibilisation des femmes — qui est un fait, parce que les rapports entre les sexes sont depuis l’origine des rapports de guerre, et que les féministes en ce moment mènent l’assaut — en proclamant la dictature du « e féminisant ». Ni en corrigeant « Droits de l’homme » (du latin homo, l’être humain sans distinction de sexe) en « droits humains » — sans parler de l’aberration « droits de la femme et de la citoyenne » qui mena Olympe de Gouges sur l’échafaud.
La culture est faite de références littéraires, artistiques, langagières. C’est en dominant le vocabulaire des pouvoirs en place que l’on se fraie un chemin pour remplacer avec de vrais talents les élites auto-proclamées qui se perpétuent au gré d’un système scolaire à leur solde.
Lire, écrire, compter
Ce que les enseignants « de gauche » ne comprennent pas, c’est qu’en obéissant aux diktats de Philippe Meirieu et de ses épigones, ils font objectivement le lit du non-renouvellement des élites. Peut-être parce qu’ils croient ainsi protéger leur progéniture — qui ne sera jamais reconnue comme méritoire, sinon pour des emplois subalternes où, comme leurs parents, elle servira les intérêts de ceux qui les auront mis en place. À chaque enseignant « de gauche », demandez systématiquement où ont été inscrits leurs enfants. Et où vont majoritairement leurs élèves.
Les enfants des croyants incultes, eux, vont à l’école du fanatisme.
Ne pas en conclure que les chefs des Frères musulmans, eux, appartiennent à cette sous-catégorie dont l’inculture est le gardien de leur foi. Ce sont des gens très intelligents, parfaitement informés, qui ont fort bien assimilé les codes de notre société, et portent le fer là où les incertitudes idéologiques, voire la trahison des « élites », leur permet de le faire.
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Lorsque des élus de la République — Elisabeth Borne en tête — se prononcent pour la non-interdiction des tenues islamistes dans le sport, ils participent à cet assaut insidieux (mais de plus en plus visibles) contre les institutions les plus fragilisées de la République. L’École a été depuis longtemps analysée par les Fréristes comme le maillon le plus faible du système républicain — alors qu’à l’origine, elle en était le fer de lance. Que des soi-disant « pédagogues » se soient prêtés à l’introduction dans la Cité du cheval de Troie islamiste en dit long sur leurs repères, leurs convictions profondes et leur complicité de fait. Qu’ils votent LFI ou plus généralement à gauche prouve assez que nous vivons dans un monde orwellien, où « gauche » signifie désormais « extrême-droite », tout comme l’antisionisme est le faux museau de l’antisémitisme le plus décomplexé.
Seule l’instruction obligatoire, selon les principes de la IIIe République, mettant l’accent sur le lire / écrire / compter, sur l’Histoire réelle et non fantasmée, sur des sciences dures et non mahométanes, peut contrarier la mainmise du fanatisme sur notre École — et, à terme, sur la République tout entière.
Michaël Prazan, La Vérité sur le Hamas et ses idiots utiles, L’Observatoire, 2025, 200 p.
- https://www.causeur.fr/michael-prazan-la-verite-sur-le-hamas-et-ses-idiots-utiles-305721 ↩︎
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