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L’irresponsabilité en politique mériterait la sanction judiciaire

Le billet politique d’Ivan Rioufol


L’irresponsabilité en politique mériterait la sanction judiciaire
Mickaëlle Paty, sœur de Samuel Paty enseignant assassiné par un terroriste islamiste, auditionnée par les sénateurs à Paris, 17 octobre 2023 © SEVGI/SIPA

L’impéritie scandaleuse de nos dirigeants, tant en matière sécuritaire qu’économique, donne envie à bien des citoyens de réclamer des comptes, observe notre chroniqueur.


L’Élysée haut perché est redescendu sur terre. Mardi, Emmanuel Macron a renoncé à la hausse de dotation de la présidence pour 2025. L’Assemblée nationale et le Sénat ont emboité le pas, en annulant leurs revalorisations budgétaires. La veille, sur RTL, Didier Migaud, Garde des Sceaux, avait jugé « démagogiques » les indignations face à la légèreté des trois institutions priant les Français de se serrer la ceinture sans donner l’exemple. Ce sursaut de bon sens, symbolique, dit l’amateurisme qui prévaut trop souvent dans les sphères du pouvoir. « Présumez toujours l’incompétence avant de rechercher un complot », avait prévenu Machiavel. En l’occurrence, l’irresponsabilité au sommet est telle que se pose la question de la mise en cause judiciaire des plus hautes autorités. Cet été, Mickaëlle Paty, la sœur de Samuel Paty, le professeur décapité le 16 octobre 2020 par un islamiste qui n’avait rien à faire en France, a saisi le tribunal administratif afin d’obtenir la condamnation de l’Etat pour ses manquements dans la protection élémentaire d’un enseignant clairement menacé depuis onze jours. L’État a déjà été condamné, après des recours intentés par des écologistes, pour inaction climatique. Il y aurait de multiples raisons de le condamner pour inaction sécuritaire, après les meurtres de tant d’innocents par des étrangers, souvent multirécidivistes ou fichés S, qui auraient dû être expulsés. Mais sa même désinvolture, appliquée en matière économique et budgétaire, devient elle aussi un possible sujet de plaintes devant la justice. Le trou de 100 milliards d’euros supplémentaires, découvert par Michel Barnier, pourrait ainsi relever pénalement de la forfaiture si une volonté de dissimulation en haut lieu devait apparaître. Bruno Le Maire assure avoir, en vain, alerté le président sur ces dérapages non avoués…

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L’ouverture de l’examen, ce mercredi, du projet de loi de finance 2025 par les députés pourrait être l’occasion de révéler, par une commission d’enquête spécifique, la mascarade de la gestion financière et budgétaire de la France par le chef de l’État et son ministre de l’Économie, qui s’est vanté à son départ d’avoir « sauvé l’économie française ». Le « Mozart de la finance », installé à l’Elysée sous le parrainage d’influents acteurs du monde économique, a en réalité conduit le pays, chéquier ouvert, dans une permanente fuite en avant. Au point d’avoir augmenté la dette de 1000 milliards d’euros (3250 milliards au total), ce qui représente, au titre du remboursement annuel du seul intérêt de la dette, 55 milliards d’euros (soit 800 euros par Français, enfants compris). Le déficit public, annoncé à 3,7% du PIB pour 2024 par Elisabeth Borne, est passé à 6,1%. Aucune économie dans le fonctionnement de l’État n’a été faite. Le nombre de fonctionnaires (près de 6 millions) n’a cessé d’augmenter. Le « quoi qu’il en coûte », présenté par les flagorneurs comme le trait de génie de la macronie, s’est révélé être ce qu’il était pour le jugement commun : une folle addiction à l’emprunt afin de feindre un progressisme à crédit sur le dos des contribuables. Le confinement sanitaire, décrété dans l’hystérie du Covid, a été une mesure irrationnelle dont la France aurait pu faire l’économie, à l’image de la Suède.

Bref, le monde politique, depuis des décennies, a multiplié les mesures les plus absurdes, les plus irréfléchies, les plus sottes. Il serait temps que les plus grands fautifs rendent des comptes, devant la justice administrative, mais aussi pénale.



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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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