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Insécurité: une France à l’abandon

Lâcheté générale, courages singuliers : une France qui n'est plus tenue...


Insécurité: une France à l’abandon
Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Dans le XVe arrondissement de Paris, un homme de 62 ans a été roué de coups par quatre mineurs venus de Seine-Saint-Denis dont il tentait d’empêcher l’intrusion dans son immeuble mercredi matin.


Rien n’est facile et on ne me trouvera jamais aux côtés de ceux qui, vindicatifs et adeptes du « il faut qu’on… on n’a qu’à… », considèrent qu’il suffit de vouloir pour pouvoir et que notre démocratie est le régime rêvé pour tout réussir en temps de crise. Cela étant dit, comment ne pas être effaré par l’état de la France au quotidien, avec les multiples exemples qui nous sont donnés du délitement et de la faiblesse de notre nation, dans l’exercice du pouvoir, le rôle des institutions et le courage des directions ? Il y a une France officielle qui, à tous niveaux, va à vau-l’eau et n’est plus tenue. Comme si une lâcheté générale avait remplacé l’envie de résister. Comme si le « à quoi bon » avait remplacé l’optimisme de l’action.

Un pays à feu et à sang

Avec la criminalité, la délinquance, la violence décuplée des mineurs et la législation absurde qui les concerne depuis le mois de septembre 2021, la diffusion du délire de minorités incultes et fanatisées dans les instituts de sciences politiques et les universités – la détestation d’Israël étant prioritaire -, l’impression que jour après jour la bonne volonté du gouvernement est ridiculisée par le réel des transgressions, des subversions qui ont pour particularité de nuire en totale liberté et impunité. Avec le sentiment d’une France à l’abandon, avec des services publics qui ne paraissent pas nous rendre ce que nos impôts leur donnent, une morosité démocratique oscillant entre polémiques de mauvais aloi et parole présidentielle confondant impartialité et esprit partisan, des ministres cultivant une politique d’annonces et de projets quand ils auraient eu largement le temps, en amont, d’en faire des réalités, avec l’obsession de montrer du doigt le RN plutôt que de désigner la lune et la catastrophe globale qu’elle porte.

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Avec une nostalgie délétère qui loin de préparer au futur englue dans un passé qui ne nous aide pas parce que nous n’avons plus de caractères à sa hauteur, une frénésie de commémorations qui masque notre inaptitude à trouver des motifs pour nous réjouir du présent, une République dont le nom est d’autant plus ressassé qu’elle sert d’ultime argument quand on ne sait plus quoi dire, une liberté d’expression qu’on répugne à accepter pleine et entière et que des totalitaires confisquent à leur seul profit, la dénaturation de valeurs et de principes qui permettaient, à peu près respectés, de coexister et qui, moqués ou répudiés, rendent notre pays à feu et à sang.

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Et les élections européennes, le 9 juin, autoriseront, en détournant leur objet, une protestation frustrée de n’avoir pu correctement se traduire sur le mode parlementaire.

Un courage qui force le respect

Face à ce délabrement, à cette lâcheté générale, à cette chape toute de mélancolie stérile : des courages singuliers, des énergies combatives, des révoltes anonymes, des sursauts venant combler les béances d’un État dépassé mais regardant pourtant passer la vraie France, ses violences, ses fureurs, ses cruautés, comme s’il n’y pouvait rien. J’ai été très frappé par l’exemple de cet homme âgé qui le 1er mai, vers 10 heures 30, rue Théophraste Renaudot dans le 15e arrondissement à Paris, a hurlé parce que des voyous, dont quelques mineurs, s’apprêtaient à forcer la porte de l’immeuble. Il a été roué de coups. C’est ce que j’ai nommé « courage singulier ». Face aux barbares, à ce qui décivilise et ensauvage, c’est une politique du désespoir.
Il y en a qui ne se résignent pas. Qui s’opposent à la lâcheté générale. Exemple trop modeste pour être suivi, je le crains. En tout cas, respect.



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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