Les désastres urbains de La Défense ou Beaugrenelle ont longtemps vacciné les Parisiens contre les gratte-ciel. Mais aujourd’hui, les défenseurs des tours regagnent du terrain. Entretien avec l’une d’eux, l’architecte Ingrid Taillandier.
Causeur. Depuis 2010, sous l’impulsion de Bertrand Delanoë, la Ville de Paris a déplafonné la hauteur maximale des immeubles, qui était fixée à 37 mètres. La capitale a-t-elle toujours été rétive à la construction de tours ?
Ingrid Taillandier. Entre les années 1950 et 1970, Paris était au contraire plutôt favorable à l’expansion des tours. Sous Pompidou, on a connu un réel engouement pour la ville moderne. C’est au milieu des années 1970 que le refus s’est imposé. À son arrivée à l’Élysée en 1974, Giscard a fait annuler la construction de la tour Apogée dans le XIIIe arrondissement puis n’a plus délivré aucun permis de construire aux Olympiades. Une fois Jacques Chirac élu maire de Paris en 1977, il a fixé trois plafonds de hauteur d’immeubles : 27 mètres (au centre), 31 mètres et 37 mètres (en périphérie), suivant l’emplacement dans la ville. Certaines constructions de grande hauteur implantées dans Paris restaient cependant très bien acceptées par la population, à l’image de la tour Croulebarbe érigée en 1960.
En ce cas, de Montparnasse à Beaugrenelle, pourquoi les Parisiens rejettent-ils massivement les tours ?
Historiquement, le rejet des tours est lié à un problème d’urbanisme. Les ensembles
