Les députés débattent aujourd’hui d’une proposition de loi du groupe Renaissance qui rendrait obligatoire le drapeau européen sur la façade des mairies françaises.
En pleine crise sociale qui bouleverse le pays et dans un contexte d’inflation écrasante pour la population, la minorité présidentielle souhaite imposer par une loi ce que le peuple a déjà refusé par référendum en 2005, à savoir l’extension symbolique de l’Union européenne. La « proposition de loi visant à rendre obligatoire le pavoisement des drapeaux français et européen sur le fronton des mairies », déposée par des membres du groupe Renaissance et apparentés, est l’occasion d’illustrer une fois de plus la monomanie européiste du camp présidentiel et son ignorance des véritables enjeux qui préoccupent les Français.
Quand le peuple montre sa colère, la macronie regarde l’Europe
Pour faire digérer au corps social une réforme des retraites injuste et brutale qui n’a même pas été votée par l’Assemblée nationale, et comme toujours depuis son premier quinquennat, Emmanuel Macron s’engouffre dans un coup de communication permanent, au détriment des vraies préoccupations du peuple. Avec un taux d’inflation s’élevant à 5%, une hausse considérable du coût des matières premières et des tarifs énergétiques gonflés par une politique nucléaire désastreuse, les travailleurs ne sont pas suffisamment payés, et les ménages ploient sous les dépenses contraintes qui ne cessent d’augmenter malgré les petits chèques du gouvernement.
Au lieu de traiter en profondeur cette situation économique et d’apaiser les tensions sociales, le parti présidentiel bavarde, et mêle l’inflation législative à l’inflation économique qu’il ne parvient pas à maîtriser. Tandis qu’en 2017, le candidat Emmanuel Macron se faisait le chantre de la simplification normative et de l’assouplissement de la réglementation du « pays aux 400 000 normes », Renaissance souhaite désormais imposer aux communes le pavoisement du drapeau européen au fronton des mairies.
En plus de poursuivre l’agenda politique fixé par Bruxelles, le gouvernement comme la minorité présidentielle dévoilent encore plus leur allégeance symbolique à une Union européenne dont le fonctionnement actuel a été rejeté par référendum le 29 mai 2005. Ce jour-là, le peuple français a refusé le Traité établissant une Constitution pour l’Europe à plus de 55% des voix, au grand dam de la classe dirigeante, qui n’a plus osé consulter les citoyens depuis cet échec cuisant. Si, comme le disait Robert Schuman dans sa déclaration du 9 mai 1950, l’Europe « se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait », force est de constater qu’elle se fait surtout au gré des incantations abstraites, et des solidarités de couloirs bruxellois.
La symbolique constitutionnelle relève des États souverains, pas de la bureaucratie bruxelloise
Aux termes d’une campagne nationale houleuse et riches en débats il y a 18 ans, le peuple souverain s’est exprimé contre le forçage de la symbolique européenne, et il a eu raison. Il a eu raison car une Constitution organise le gouvernement d’un État unitaire ou d’une fédération d’États, mais pas d’une organisation internationale. Or, il n’y a pas d’État fédéral européen, et il n’y pas davantage de peuple européen. Partant, il est ubuesque de prévoir toute une édification de symboles, avec un drapeau que l’on imposerait, un hymne européen qui n’a jamais été approuvé par les peuples nationaux, et toute une série de marqueurs symboliques qui sont les fruits de l’histoire plutôt que des caprices de l’administration.
Aussi, c’est en général la Constitution d’un État qui précise l’hymne, la devise et l’emblème nationaux. En France, l’article 2 de la Constitution du 4 octobre 1958 retient que « l’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. L’hymne national est « La Marseillaise ». La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité » ». Cet article figure au titre premier de la Constitution, intitulé « De la souveraineté », place éminente pour rappeler qu’il y a une souveraineté nationale, héritée de l’histoire de France et de la tradition gaulliste, mais il n’y a pas de souveraineté européenne plaquée sur le modèle de celle des États, n’en déplaise aux fédéralistes. Si Emmanuel Macron rejette l’Europe des Nations et des projets telle que la souhaitait le Général De Gaulle, il ne réussira pas à l’imposer au peuple français, attaché à sa souveraineté et à l’unité de son pays.
Une liberté de choix préférable à une obligation pure et simple
Sur ce sujet comme tant d’autres, les députés de la minorité présidentielle vont contre le peuple qu’ils sont censés représenter, à l’image des députés qui soutenaient le traité constitutionnel en 2005. Dans le contexte actuel, les ménages les plus démunis s’interrogent sur leur fin de mois, peinent faire les courses sans se ruiner et à faire un plein d’essence, et le groupe présidentiel répond par un numéro de claquettes européiste destiné à détourner l’attention d’une société qu’il se plaît à malmener.
Au-delà du mépris des réalités, cette proposition de loi accable encore plus les collectivités locales de normes superflues, et engendre des coûts d’installation supplémentaires pour les municipalités notamment situées en milieu rural. Le drapeau tricolore qui jalonne nos mairies est le reflet de l’enracinement de la République française, et le peuple français a eu maintes occasions d’approuver ce symbole. Inversement, le drapeau européen ne jouit d’aucune légitimité populaire, et il serait absurde autant que contraire à l’esprit de notre Constitution d’instaurer son pavoisement obligatoire. Aujourd’hui, les communes sont libres d’apposer le drapeau européen à leur façade, et cette liberté de choix garantie par une coutume nullement contestée doit prévaloir sur une énième obligation aussi inutile qu’indésirée.
Les Français attendent de l’action, et le gouvernement leur répondant par de vaines paroles, ils n’attendent plus rien de lui ; mais ils peuvent compter sur le Rassemblement national pour enfin proposer des solutions concrètes aux attentes du pays.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !