En Inde, lorsque des parents souhaitent à tout prix devenir grands-parents mais que leur progéniture rechigne à leur donner des petits-enfants, ça peut coûter très cher…
Imaginez que vos parents vous assignent en justice parce que vous ne voulez pas leur fournir de petit-enfant. C’est ce qui vient d’arriver à un couple de jeunes Indiens : indignés que six ans après leur mariage, leur fils et leur belle-fille ne prévoient toujours pas de procréer, Sanjeev et Sadhana Prasad exigent qu’ils produisent l’enfant tant désiré dans l’année ou qu’ils payent une compensation financière de 50 millions de roupies (soit plus de 600 000 euros).
Car tout de même, s’ils ont arrangé le mariage et payé la cérémonie et la voiture de luxe, ainsi que la lune de miel en Thaïlande, c’est bien pour une raison. Sans compter les études aux États-Unis du fils rebelle qui, incapable, a encore dû être soutenu financièrement pendant deux ans. Tant d’efforts méritent récompense.
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Grands seigneurs, les parents se proposent même d’élever l’enfant. Car la belle-fille carriériste a décidé de travailler, et de surcroît dans une ville différente de celle de leur fils. Le comble de l’ingratitude : « Nous traitions notre belle-fille comme notre fille mais malgré cela, elle ne nous rend jamais visite, ce qui ajoute à nos souffrances. » Plutôt que choisir une option somme toute raisonnable, c’est-à-dire passer par la case maternité puis être tranquille, le jeune couple a décidé de persister dans l’ingratitude et de couper tous les liens avec les parents.
L’anecdote est assez significative du fossé générationnel qui se creuse, en Inde comme dans d’autres pays émergents, entre des parents attendant une perpétuation du modèle familial traditionnel et des enfants trentenaires focalisés sur leur travail ou autres accomplissements personnels à l’occidentale. Rappelons que le taux de fécondité du pays est passé de six enfants par femme en 1960 à tout juste plus de deux aujourd’hui. Reste une différence avec les pays européens : ce n’est pas encore l’enfant-roi, mais plutôt le parent-roi.