C’est une caricature qui a enflammé toute l’Inde, le 19 octobre dernier. Lorsqu’elle publie sur son compte Twitter deux dessins, montrant une femme victime d’un viol et le violeur faisant une offrande à la déesse Durga, Deepika Singh Rajawat ne s’attendait pas à déclencher un tollé national. L’association d’une image sexuelle avec celle de la divinité a été jugée hérétique par les plus ultras des hindous qui ont crié haro sur l’avocate spécialisée dans la défense des femmes victimes d’agressions sexuelles.
विडम्बना pic.twitter.com/eAuclZEBV8
— Deepika Singh Rajawat (Kashir Koor) (@DeepikaSRajawat) October 19, 2020
Les médias d’extrême droite ont rapidement relayé l’information et réclamé que l’avocate soit traduite en justice pour cette offense.
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Faire bouger les mentalités
« Je suis hindoue moi-même, pourquoi irais-je critiquer ma propre foi ? Il s’agissait de faire bouger les mentalités », s’est défendue Deepika Singh Rajawat. Présidente de l’ONG Voice for Right, elle s’est fait connaître avec l’affaire d’Asifa Bano, une fillette musulmane de 8 ans enlevée, violée et assassinée par des hindous. « Ici, de nombreux viols sont commis contre les femmes. Il faut donc célébrer les déesses, mais aussi traiter les femmes avec dignité, toute l’année », a renchéri l’avocate. « Elle a choisi délibérément une déesse hindoue pour sa caricature, pourquoi n’a-t-elle pas pris la Vierge Marie ? » s’agace un internaute. Deepika Singh Rajawat reçoit des menaces de viol. « Mais la police ne me protège pas. Au lieu de cela, je suis accusée sur des bases complètement contraires à la loi », se plaint-elle. Malgré les centaines de fanatiques qui sont venus manifester devant sa résidence, elle refuse d’effacer la caricature. Certains internautes n’ont pas hésité à faire un parallèle entre son cas et celui de Samuel Paty.
Espérons que cela finira mieux pour Deepika.