En Inde une marque de bijoux est accusée de cautionner le « djihad de l’amour », la conversion des hindoues à l’islam par le mariage.
En Inde, le « djihad de l’amour » fait de nouveau parler de lui. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, cette notion curieuse n’a rien à voir avec la mise en avant d’un prosélytisme islamique pacifique. Il s’agit au contraire de dénoncer la conversion de femmes à l’islam par le mariage. Depuis une quinzaine d’années, certains Indiens utilisent l’expression « Love Jihad » pour désigner l’existence supposée de réseaux musulmans organisés pour prendre épouse chez les hindoues, tandis que d’autres dénoncent ces accusations comme étant islamophobes et complotistes.
Début octobre, une grande marque de bijoux, Tanishq, a lancé une campagne de publicité en plusieurs volets nommée « Oneness » pour inciter les Indiens à « se retrouver » après un confinement très dur, et à célébrer ensemble les grandes fêtes religieuses (couverts de kilos d’or et de pierreries, et masque au visage). Mais l’une des vidéos a été l’objet de violentes critiques, suscitant même un appel au boycott de la marque. En cause : elle mettait en scène une jeune femme hindoue et sa belle-famille musulmane qui lui organisait une cérémonie de Valaikappu, destinée dans les rites hindous à protéger les femmes enceintes et leur bébé. Ce tableau idyllique d’un respect mutuel entre deux traditions a irrité nombre d’Indiens. Accusée de cautionner le « djihad de l’amour », Tanishq a retiré sa publicité, mais la polémique a suscité de vives empoignades numériques entre responsables et militants politiques. La coexistence entre hindous et musulmans est certes très ancienne ; force est de constater que l’« unité » n’est pas encore au rendez-vous.