Il manquait une rubrique scientifique dans Causeur. Peggy Sastre vient combler cette lacune. À vous les labos!
S’il est de bon ton – et souvent raisonnable – de se pincer le nez à leur contact, les stéréotypes, lieux communs et autres trivialités ne viennent pas de nulle part et, à ce titre, ne sont pas toujours erronés. Il en va ainsi de l’idée que les experts se trompent, vu qu’ils auraient comme sale habitude de fonder sans en avoir l’air leurs analyses et pronostics sur du bon gros doigt mouillé. Ou pour le dire comme Pierre Dac : « Les prévisions sont difficiles surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. » Beaucoup se défient de cette « défiance » envers les « sachants », qui est l’un des ingrédients de base du « populisme », mais le fait est qu’elle n’a rien d’injustifié. Ainsi, depuis grosso modo les années 1980, une kyrielle de travaux se succèdent pour montrer qu’en matière de jugements prédictifs touchant à la politique, à l’économie ou encore au monde du travail, ceux émis par des experts patentés sont rarement plus précis que de simples modèles statistiques – en d’autres termes, que s’ils s’étaient décidés à pile ou face – ou, comme le veut la célèbre découverte du politologue Philip E. Tetlock, que des chimpanzés jouant aux fléchettes.
Que faire de l’avis des experts quand la gravité d’une
