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Immigration maghrébine, chronique d’un (colossal) rendez-vous raté

On parle de plus en plus de "séparatisme" ou d' "ensauvagement" mais...


Immigration maghrébine, chronique d’un (colossal) rendez-vous raté
Moha La Squale, de son vrai nom Mohamed Bellahmed, rappeur français, défilé Lacoste 2018 à Paris © Jean-Marc Haedrich/SIPA

Si l’immigration maghrébine est de plus en plus critiquée, l’incompréhension et la complicité passive des Français face à des phénomènes complexes menant au « séparatisme » ne doivent pas être oubliées non plus.


Accuser les Français de racisme est à la mode, c’est le dernier chic même dans certains milieux universitaires et artistiques. Un passage obligé pour se faire adouber par les élites parisiennes qui confondent humanisme et automutilation. Pourtant, s’il y a un reproche majeur à faire aux Français, ce n’est pas leur prétendu racisme, mais plutôt leur immense imprudence face à l’immigration.

En ouvrant leurs frontières à l’immigration de masse, ils n’ont pas suffisamment songé à la vie mentale et spirituelle des immigrés. Ils ont vu passer des valises et des visas sans s’apercevoir que des civilisations entières franchissaient la barrière des Pyrénées à leur nez et à leur barbe. Par naïveté et paresse intellectuelle, ils ont voulu réduire l’étranger à un simple homo economicus alors que l’homme, quel qu’il soit, est toujours sous l’influence d’un inconscient collectif où résonne la voix de ses ancêtres qui lui crient, d’outre-tombe, leurs peurs, leurs espoirs et leurs partis pris, en gros leur sensibilité.

La civilisation, une évidence ignorée

Depuis quarante ans, plusieurs civilisations se sont donc installées en France. Certaines sont invisibles et silencieuses comme celles qui sont nées en Indochine et en Arménie. D’autres défraient la chronique comme la civilisation sahélienne ou maghrébine. Celle-ci est autre chose que la religion musulmane : elle compose en réalité un tableau complexe et parfois déroutant de comportements, de valeurs et de modes de vie. Autant de traits qui racontent l’histoire commune de peuples qui, par le cynisme et l’incurie de leurs élites, ont été mis aux fers durant des siècles et obligés de vivre intimement avec la pénurie. Plus que musulmane, cette civilisation est fille de la sécheresse qui stérilise les sols et dévitalise les hommes. Plus qu’arabe, elle est le reflet d’une paysannerie rustre et d’une féodalité sans éclat. Elle méconnaît l’Egalité et n’y aspire point.

« Le Français ne peut pas comprendre le langage de l’humiliation, qui bien plus que la violence, imbibe la civilisation maghrébine » Driss Ghali

Cette civilisation a joué et joue encore un rôle crucial – le premier rôle – dans le fiasco de l’immigration maghrébine. Invisible aux marxistes et aux matérialistes, elle s’est exprimée dans un langage codé où les faits divers racontaient une autre histoire que la logique des inégalités sociales. Si les Français avaient ouvert les yeux à temps, ils auraient reconnu la présence d’un Être supérieur qui agit en sourdine pour imposer aux immigrés maghrébins une grande retenue vis-à-vis de la France, une sorte de distanciation sociale.

Auto-sabotage et ingratitude

L’histoire de la civilisation maghrébine en France est celle d’un gâchis qui s’est décidé très tôt, dès son débarquement massif dans les années 1970.

Causant l’incompréhension parmi les observateurs les plus bienveillants, nombreux ont été les immigrés qui ont dit « non » à la France. Ils ont dit « non » à deux reprises quitte à en payer le prix le plus lourd, celui de l’échec et de la marginalisation.

Le premier refus a consisté à déclarer la guerre à l’Etat français le confondant avec l’appareil de répression et d’exploitation en place au sud de la Méditerranée.

Les fraudes aux allocations (de 17 à 30 milliards d’euros par an), les mariages blancs (illégaux), les dégradations des HLM font partie d’une longue série d’offenses dont les racines plongent dans un terrain stérile où l’homme déteste l’Etat (corrompu, arbitraire et incompétent) et l’Etat méprise l’homme (bonimenteur, hypocrite et fraudeur).

Le second refus a été signifié au peuple français en personne, exposé à un déluge d’agressions. Aucune blessure narcissique n’a été épargnée à la population autochtone puisque ses femmes sont offensées, ses policiers battus et ses élus agressés. Tout cela n’est rien d’autre que la continuation de la guerre entre Roumis et Musulmans, une guerre de religion mais aussi un conflit de civilisation qui dure depuis l’entrée des cavaliers arabes en Afrique du Nord il y a 1400 ans.

Certains bien sûr (et ils se comptent par milliers) ont accepté les règles du jeu françaises. On les trouve partout du secteur privé à la police en passant par l’enseignement. Leur rendre hommage est nécessaire car ils ont su dire non à leur civilisation d’origine, une mère jalouse et possessive. Toutefois, ils ne pèsent pas grand-chose devant les milliers de jeunes qui se sont laissés séduire par les sirènes de la médiocrité. Pire que la médiocrité est la futilité, une spécialisation choisie la tête haute par les célébrités censées représenter les Maghrébins de France. Ils sont rappeurs, clowns ou repris de justice, aucune de ces qualités n’étant exclusive des autres. Ils répètent tous le même mantra fondé sur la victimisation et la haine de la France.

Cruelle ingratitude de celui qui crache sur la main tendue, la France ayant été le premier pays au monde à traiter les Maghrébins comme des êtres humains. Jamais auparavant, les élites marocaines, algériennes ou tunisiennes n’avaient pris la peine de soigner, d’éduquer ou d’assurer leurs ressortissants contre les aléas de la vie.

Le complexe de la Belle au bois dormant

Cette histoire s’est écrite à deux et le rôle de la France ne peut pas être passé sous silence pour faire plaisir aux pourfendeurs de l’immigration maghrébine. Ce serait commettre une grande injustice et un tragique contre-sens. Le rôle de la France dans cette catastrophe peut se résumer à l’incompréhension et à la complicité passive.

Le Français moyen n’a pas les moyens (ce n’est pas de sa civilisation) de comprendre que dans une société structurée par l’arbitraire, il n’y a pas de place au juste milieu : ou vous êtes capable de vous défendre (vous-même ou par le truchement d’un tiers), ou vous êtes vulnérable telle une mouche exposée aux aléas du vent.

Trempé depuis son jeune âge dans l’Egalité, le Français croit que le caïd de banlieue est l’expression de la pauvreté alors qu’il est pure volonté de dominer et de discriminer les forts (ses amis, sa famille) des faibles (tous les autres).

Civilisé par un long processus d’adoucissement des mœurs, le Français a quelque chose du mouton sans berger mis à côté d’une civilisation où douceur et bienveillance sont lues comme des signes de faiblesse. L’homme français d’aujourd’hui s’empêche non par respect d’un interdit religieux ou par peur du gendarme mais parce qu’il a reçu en héritage le devoir de gérer sa frustration. Il respecte la femme non par peur du mouvement me too mais parce qu’il estime que la femme a le droit au respect en toutes circonstances, qu’elle soit mariée ou célibataire.  Il ne peut pas comprendre le langage de l’humiliation, qui bien plus que la violence, imbibe la civilisation maghrébine. Il n’a jamais eu besoin de baiser une main pour obtenir justice ou de payer un bakchich à un infirmier minable pour être soigné.

A ce titre, l’obsession du Maghreb pour l’Islam n’est pas seulement religieuse, elle est également d’ordre psychique.  Dans un milieu sans surmoi, dans une société où l’être ne s’empêche pas de lui-même, il n’y a de surmoi que dans l’interdit religieux. Tu ne tueras point, tu ne commettras pas l’adultère etc. Enlevez l’Islam et le Maghreb devient le théâtre d’une guerre de tous contre tous. Enlevez la religion à la France et la paix civile demeurera intacte (c’est déjà le cas).

L’excuse tue

Le Français atténue la réalité et refuse de nommer les choses par leur nom. Il a compris que sa liberté d’expression se limite à la liberté de répéter ce que les élites bien-pensantes estiment juste et désirable.  Ainsi, quand on casse la gueule à ses enfants sur le chemin de l’école, il parle d’incivilités. Quand on l’agresse lui dans le métro parce qu’il est Français, il évoque une mauvaise rencontre et non une attaque raciste. Quand il lit dans un journal qu’une jeune fille a été molestée au cri de « sale Française », il préfère se désabonner « pour ne pas soutenir les médias d’extrême-droite ». En réagissant ainsi, il est complice et mouillé jusqu’au cou dans ce qui arrive à son pays.

La France a répondu de la pire manière possible en s’excusant et en excusant. La repentance a accompagné le laxisme. Là où il fallait poser des limites claires et s’y tenir, la France n’a cessé de reculer et de condamner ceux qui refusaient de reculer. « Racistes », « fascistes », « xénophobes », aucune insulte n’a été épargnée à ceux qui voulaient simplement faire appliquer les lois françaises à tous ceux qui habitent en France. Depuis quarante ans, le « génie français » consiste à faire peser tout le poids de la culpabilité sur ceux qui dénoncent la haine et la violence et non sur ceux qui la promeuvent et l’incarnent. Cette terrible erreur d’appréciation est le fait d’une civilisation qui ne s’estime plus digne d’être défendue alors que nous sommes des millions dans le monde à la chérir.

Bien entendu, le résultat obtenu est contre-productif, le problème ne faisant que s’amplifier émeute après émeute, lynchage après lynchage. Habitué à reculer toujours plus loin les limites du tolérable, les Français s’enfoncent progressivement dans l’ensauvagement. Une civilisation raffinée et sophistiquée développe désormais en son sein des scènes de barbarie de plus en plus fréquentes. On brûle des voitures pour exprimer sa joie ou sa peine, on fend le crâne de son prochain pour une cigarette refusée… C’est dire le recul de la communication et du langage en France. Frapper au lieu de parler, quel progrès !

Il aurait fallu transmettre un message clair à la civilisation maghrébine au lieu de la laisser suivre son pilote automatique. Pour le bien des Français et des immigrés, il aurait mieux valu risquer l’excommunication médiatique que de laisser deux civilisations rater leur rendez-vous historique.

Personne n’est gagnant. Les Français ont perdu la douceur de vivre et la sécurité, les Maghrébins ont raté une chance unique de participer utilement à la marche du monde.

Les banlieues françaises n’ont rien de bien différent des villes maghrébines, ce sont des dépôts où fermentent des mentalités frustrées et aigries, des réserves de talent gâché où l’on produit peu et l’on se plaint beaucoup. Point d’innovation scientifique, point de sophistication sur le plan des arts et des créations de l’esprit, point de dynamisme économique. A quoi bon avoir traversé la Méditerranée pour reproduire les échecs des aïeux ?

Cela dit, il est impossible d’écrire à rebours ce qu’aurait été la réponse de la civilisation maghrébine à une France bien décidée à la contenir. Révolte ou résignation ? On ne saura jamais.

New Deal

La seule question qui vaille à ce stade de l’histoire est que faire. La réponse dépend de l’attitude des Français. S’ils veulent disparaître en tant que peuple souverain, la civilisation maghrébine fera le job et accélèrera le délitement en cours. Dans une ou deux générations, les mentalités et les paysages humains se seront alignés pour de bon sur les (mauvaises) normes en vigueur au sud de la Méditerranée. A l’inverse, si les Français croient encore en leur pays et aiment encore leur civilisation, ils peuvent se retrousser les manches pour proposer un New Deal à la civilisation maghrébine. Des limites, des limites et encore des limites en contrepartie du droit de vivre en France et de profiter des potentialités de l’Europe. Défi immense, projet complexe, les risques sont effectivement énormes. Et si ça marchait ? Quelle joie auront les historiens à écrire, dans cinquante ans, les pages heureuses d’une France qui aura réussi à faire rimer diversité et douceur de vie, pluralité et prospérité.

S’il y a un génie français, qu’il s’exprime autour de cette entreprise que la Terre entière observera le souffle coupé.



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Ecrivain et diplômé en sciences politiques, il vient de publier "De la diversité au séparatisme", un ebook consacré à la société française et disponible sur son site web: www.drissghali.com/ebook. Ses titres précédents sont: "Mon père, le Maroc et moi" et "David Galula et la théorie de la contre-insurrection".

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