Les réseaux et les filières en tout genre prospèrent sur le dos d’une administration et d’une justice humanitaristes, avec la complicité d’ONG. Et cela, au détriment des plus pauvres de nos concitoyens.
Il fut une époque, en France, où le patronat organisait l’immigration en fonction de ses besoins, des recruteurs se chargeant de sélectionner dans les pays d’origine des hommes assez vaillants pour travailler dans les mines ou sur les chaînes de l’industrie automobile. Les organisations patronales géraient les accueils, finançaient la Sonacotra, chargée de loger les salariés dans des foyers, et le Service social d’aide aux migrants. L’État était aux abonnés absents et la gauche – alors communiste – manifestait contre une importation de salariés qui tirait les salaires vers le bas. Aujourd’hui, des secteurs professionnels sont en tension (femmes de ménage, aides-soignantes, soutien à la personne, médecins, métiers du bâtiment…), mais l’immigration professionnelle a disparu. Dans les textes, elle existe toujours mais, dans les faits, personne n’y a recours, hormis les grands groupes, surtout américains, pour leurs cadres de haut niveau. Depuis que l’État a pris la main, la France a perdu toute capacité à organiser son immigration. Par défaut, elle est devenue le business de l’économie criminelle, une économie dénuée de tout scrupule et vivant grassement sur le dos de millions de victimes auxquelles elle fait miroiter l’espoir d’une vie meilleure. Les organisations spécialisées de ce secteur lucratif sont les mêmes que celles qui alimentent l’Europe – et la France particulièrement – en produits stupéfiants. Elles tiennent la route de la cocaïne qui, débarquée en Afrique de l’Ouest, est acheminée à travers le Sahara jusqu’au Maroc, puis l’Espagne ou qui, transportée par le Mali, l’Algérie et la Libye, traverse la Méditerranée pour aboutir au sud de l’Italie avec l’aide de la mafia locale. Et elles tiennent celle de l’héroïne, produite en Afghanistan et transportée en Europe de l’Ouest à travers la Turquie, la Grèce et les Balkans. Ces réseaux ont organisé une effroyable loterie dont les gagnants auront été assez riches pour payer un « billet » vingt fois supérieur au prix du billet d’avion sur la même destination (on trouve un Conakry-Paris pour moins de 400 euros) et assez chanceux pour survivre à la traversée du désert, au viol, aux mauvais traitements, au travail forcé et à une navigation incertaine sur des embarcations de fortune. La suite n’a pour eux aucun intérêt.
Pour leurs victimes, le miroir aux alouettes a parfois des allures de mauvais film. Débarquées à Paris, elles plantent leurs tentes de fortune dans des parcs publics ou sous les lignes de métro, noient leur désespoir dans la consommation de crack (vendu par leurs « frères ») ou plongent elles-mêmes, faute de mieux, dans l’économie criminelle. Les compétences de ces migrants ne correspondent pas aux emplois offerts. Victimes chez eux d’une économie corrompue où la richesse produite est captée par la classe dirigeante, ils découvrent ici que personne ne les attendait. Et que leur nombre a fini par créer dans la population une exaspération légitime.
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Dans cette grande chaîne du malheur, les responsabilités sont multiples. Les organisations criminelles, qui maîtrisent les ressources du marketing, ont compris que le point faible des démocraties occidentales résidait dans les bons sentiments, cette conception larmoyante de la solidarité dont les juristes ont fait le lit de l’État de droit européen. Leur cynisme n’a pas de limite : l’image d’un enfant mort sur une plage peut ouvrir la porte à des millions de migrants. Ils ont fait de la Méditerranée le théâtre de leur ignoble chantage, obligeant leurs « clients » à s’entasser dans des embarcations conditionnées pour tomber en panne au milieu de la mer afin d’y être secourues, par application du droit maritime. Évidemment, cette situation absurde aurait cessé si les institutions européennes, chargées désormais de la surveillance de nos frontières extérieures, avaient mis en place les moyens nécessaires à la récupération de ces naufragés volontaires et à leur reconduite dans le port qu’ils avaient quitté. Mais ce n’est pas la conception qu’en ont les fonctionnaires de la Commission, confortablement installés dans leurs bureaux à Bruxelles. Le sauvetage en mer, en dehors de toute délégation publique et de tout contrôle, est assuré par des organisations « humanitaires » en lieu et place d’une institution défaillante. Leur dessein est obscur. Leur mode d’action complique l’intervention des autorités locales et, comble du paradoxe, elles tirent leurs revenus de collectivités locales qui peinent, par ailleurs, à financer les sauveteurs bénévoles de la SNSM. En vertu de quoi, les pays de l’Union sont sommés d’accueillir en priorité ceux qui franchissent les frontières sans y avoir été autorisés, aux dépens de ceux qui, respectueux du droit international, auraient pris la peine d’effectuer une demande de visa ou, se sentant menacés, une demande d’asile. Les complices sont nombreux. Les États incapables de proposer des solutions alternatives le sont aussi, à leur niveau. Les migrations irrégulières cesseraient si elles manquaient leur cible, c’est-à-dire si la totalité de ceux qui avaient tenté l’aventure étaient reconduits à leur point de départ, pour les majeurs dès leur arrivée en Europe, pour les mineurs à leur majorité, pour les malades une fois remis sur pied. Ce n’est pas ce qui se passe. Pire, en France en particulier, tout est mis en œuvre pour que le retour soit rendu compliqué, voire impossible. Dans ces conditions, pourquoi se priver d’une aventure dont on peut tirer avantage ? Il suffit de se mettre dans la peau du « voyageur » pour le comprendre. En demeurant assez longtemps en Europe, il pourra rembourser sa dette et acquérir auprès des siens la reconnaissance de celui qui envoie l’argent. Les pays d’émigration le savent parfaitement. Pour eux, elle constitue une source de revenus, suffisante pour leur éviter de procéder aux réformes sociales rendues nécessaires par les inégalités des richesses. Pourquoi, dans ces conditions, devraient-ils empêcher de partir ceux qui veulent tenter leur chance ? Et pourquoi faudrait-il accepter de les reprendre, lorsque l’on sait que le flot des migrants comprend des indésirables, des enfants des rues dont on ne veut pas s’occuper, des aventuriers et quelques militants de l’islam intégriste ?
En la matière, la politique de la France est celle de l’invisibilisation. On se refuse à placer les nouveaux venus, qualifiés de « réfugiés » par excès de langage, dans des camps du type de ceux gérés par le HCR, car cela conduirait à créer une ville de tentes aussi peuplée que Montreuil ou Argenteuil. Pour le ministère de l’Intérieur, cette situation faciliterait la gestion des flux, mais elle obligerait le gouvernement à avouer l’ampleur du désastre et le coût de son action, aujourd’hui dissimulé dans toute une série de lignes budgétaires. Faute de mieux, l’option choisie vise à proposer aux intéressés de déposer une demande d’asile, même si la plupart n’ont jamais de leur vie participé ni à un conflit ni à une opération politique. La pratique permet de les classer dans une catégorie protégée, celle des demandeurs d’asile, logés, soignés et nourris par l’État. Le mouvement suivant est celui de la dispersion. L’Europe demande que l’on répartisse les migrants entre tous ses pays. Et, dans l’affaire, chacun accuse son voisin de ne pas en faire assez. La France pratique la même politique à son niveau. Il faut disperser les « réfugiés » dans toutes les campagnes pour ne plus les voir dans les squares de la capitale. C’est par ce mécanisme que l’Ouest catholique et charitable a vu s’installer des communautés étrangères incapables de s’y intégrer.
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Arrivé en France depuis un pays où l’accès au droit est limité, le migrant découvre l’ampleur des moyens juridiques qui lui sont offerts pour y demeurer. Les avocats se pressent pour apporter leur aide. Les associations financées par l’État expliquent comment déjouer les pièges de l’administration. L’État lui-même a multiplié les voies de recours et les instances de contrôle. Les juges administratifs sont chargés de vérifier la légalité des actes pris par les préfets, souvent seuls à la manœuvre et lâchés en rase campagne en cas de réaction médiatique. Comme si cela ne suffisait pas, les juges judiciaires ont été introduits dans la chaîne des recours. Un vice de forme suffit à casser une procédure. Et l’intention du magistrat en la matière n’est pas toujours dénuée de parti-pris. Le demandeur d’asile débouté, malgré la souplesse d’un droit d’asile étendu à des causes sans lien avec la convention de Genève, peut faire appel de la décision. Cela lui permet de prolonger son maintien dans un logement pendant une à deux années supplémentaires. Il bénéficie ainsi d’un temps suffisant pour entrer dans l’une des catégories des étrangers non expulsables : conjoint de Française, parent d’enfant français, malade ou faisant semblant de l’être, l’administration n’étant pas habilitée à lire les certificats des médecins. Si par malheur, le « réfugié » n’a pas trouvé une solution à sa mesure, il devra attendre trois années de plus le bénéfice de la circulaire Valls, jamais remise en cause, qui oblige le préfet à régulariser sa situation d’office après cinq années passées en France. Trois ans dans un pays comme le nôtre où le travail au noir est assez développé pour offrir un emploi aux « sans-papiers », avec, en prime, un accès inconditionnel et gratuit à toutes les prestations de santé, ne représentent pas un effort insurmontable. Il suffit juste d’éviter les gares et les transports en commun où la police concentre ses contrôles. On peut même demander, dans la première année, la transformation en permis de conduire français d’un permis passé – ou acheté – dans le pays d’origine. Le marché de l’irrégularité s’est beaucoup développé. En Seine-Saint-Denis, des investisseurs habiles, souvent venus des mêmes pays, achètent des pavillons en grand nombre qu’ils débitent en appartements avec toilettes communes, pour des familles qui n’ont pas accès au logement social faute de carte de séjour et, dans l’économie de la livraison, le titulaire du droit peut s’entourer de « petites mains » qui effectuent le travail à sa place.
Le malheureux qui n’a pas eu la chance de voir sa situation régularisée prend le risque de faire l’objet d’une OQTF mais, sauf s’il sort de prison, la probabilité qu’il parte est faible, surtout s’il vient d’Afghanistan ou d’un pays africain. Si les détenus sont « cueillis » à la sortie de leur détention, les autres disposent de nombreux moyens d’échapper aux griffes de l’administration. La reconduite est souvent précédée – ce n’est pas obligatoire – par un placement en centre de rétention administratif. La France, dans ce domaine, est la mauvaise élève de l’Europe. Elle a fixé sa durée de rétention à quatre-vingt-dix jours quand la Commission lui demandait deux ans. Elle manque de places et celles qui existent sont souvent inadaptées. Comme la plupart des retenus ont perdu leur passeport et qu’ils ne se souviennent plus de leur pays d’origine, l’administration est contrainte de demander à l’autorité consulaire des laissez-passer que les gouvernements étrangers ne s’empressent guère de délivrer. Ils répondent que notre durée de rétention est trop courte pour mener les investigations nécessaires.
Les Français, dans cette affaire, s’expriment pourtant de manière claire. Ils ne veulent plus de cette immigration massive de jeunes hommes qui, pour la plupart, ne parlent pas français, occupent pendant des années les structures d’hébergement, stationnent le soir dans les centres de toutes les villes de province et agressent parfois les passants. Si les Français se sont mobilisés en masse pour accueillir des familles ukrainiennes, souvent sans l’aide de l’État, la solidarité ne peut être, de leur point de vue, inconditionnelle. Surtout, ils ne comprennent pas pourquoi des enfants victimes de maltraitance ne trouvent plus de place dans les foyers d’aide à l’enfance où vivent des mineurs étrangers isolés, pourquoi les hôtels dans lesquels descendaient jadis les voyageurs de commerce sont pleins de familles venues d’Afrique, pourquoi les SDF dorment l’hiver dans les recoins des portes quand l’État ouvre des places dans des centres de vacances vides. Ils ne comprennent pas comment on peut franchir une frontière en toute illégalité, quand eux-mêmes peinent à obtenir un visa, comment l’État peut réglementer la température intérieure de leur logement et se montrer incapable de faire respecter l’un des grands principes du droit international qui conditionne le franchissement d’une frontière à une autorisation préalable. Et ils savent que chaque étranger ainsi entré fera venir, en toute légalité, une femme épousée au pays, que le couple aura trois enfants en moyenne, qui ne parleront pas français à la maison, générant un besoin en écoles, en logements sociaux et en places d’hôpitaux que la France ne sait plus financer.
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