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Immigration et travail: à se taper la tête contre les murs

Les patrons ne disent pas non à l’immigration


Immigration et travail: à se taper la tête contre les murs
© Unsplash

Immigration. Quand ils ne parviennent pas à recruter dans les métiers « en tension », les patrons ne sont évidemment pas opposés à la régularisation des sans-papiers. Le billet de Sophie de Menthon, qui défend un meilleur accueil des « gentils » et réclame qu’on éloigne enfin les « méchants »!


Au moment où le débarquement de migrants à Lampedusa occupe tous les esprits, il faudrait tout de même que l’on fasse un jour preuve de bon sens, et que le gouvernement commence à réfléchir, en toute objectivité, à régler les problèmes intérieurs qui sont les nôtres, en particulier celui du rapport entre immigration et emploi.
Besoin de logique, besoin de justice, besoin de pédagogie, en oubliant les hystériques du racisme sur le sujet et les extrêmes de tous bords.
Commençons par le commencement, et changeons une loi scélérate :
Pour un sans-papier, sur le territoire français, il faut travailler en toute illégalité, au moins deux ans et présenter 24 bulletins de salaire pour obtenir le droit de rester en France et de continuer à travailler. Donc, concrètement, le gouvernement encourage le travail illégal et le récompense. Qui peut m’expliquer ? Cela fait trop longtemps que dure cette schizophrénie, dans l’indifférence, l’hypocrisie, les contradictions, les incohérences et les dédales administratifs. STOP ! Cette situation aberrante touche un grand nombre de secteurs, actuellement en manque cruel de main-d’œuvre (restauration, nettoyage, bâtiment, sécurité, aide à domicile…). Dans le BTP, en région parisienne, un salarié sur deux est sans-papier.

Métiers en tension

C’est ce qu’on appelle « les métiers en tension ». Et bien sûr, non, virer tous les étrangers ne fera pas occuper ces emplois par des chômeurs français ! Cet état de fait suscite l’incompréhension totale des chefs d’entreprises, des syndicats et de ceux qui se plongent dans cette problématique insoluble. Alors, on fait semblant : le patron fait semblant ou ne reconnaît pas les faux papiers… mais il fait tout bien par ailleurs: il déclare le salarié, paie les charges, respecte le droit du travail. Même chose pour son salarié en situation irrégulière, et tout cela fonctionne à la satisfaction de tout le monde depuis le recrutement jusqu’à… un contrôle plus poussé. Par ailleurs, il faut arrêter de prétendre que ces salariés étrangers sont sous-payés : ils sont soumis a minima au SMIC et au Code du travail comme tous les autres, avec les mêmes droits. Nous cherchons des gens qui veulent et peuvent travailler, et nous les traitons convenablement, revendiquent les « coupables ».  

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Que les politiques fassent perdurer cette situation est une honte nationale. Qui mettra fin à ce système hypocrite et incohérent ? Le TRAVAIL doit être la clé du droit de séjour en France. Un travailleur étranger qui obtient un contrat de travail en bonne et due forme devrait pouvoir bénéficier d’un permis de séjour adapté, sur le modèle de la « Green Card » aux USA, ce qui permettrait à ce travailleur de bénéficier d’une carte de résident en France et d’y séjourner légalement le temps de son contrat de travail. Et, bien sûr, sans avoir le droit de faire venir sa famille ou alors dans des conditions à déterminer (que personne n’a le courage de déterminer). Par ailleurs, ne confondons pas « permis de séjour » lié au travail et régularisation complète.

Sophie de Menthon ne manque pas d’air

La pauvreté intellectuelle et morale de ceux qui ne « pensent » pas mais jonglent avec une bouillie idéologique sur ce sujet, entraine l’inéluctable et stupide tarte à la crème du « légaliser serait un appel d’air ».
Non ! Car cette régularisation est uniquement pour ceux qui travaillent déjà officiellement et donc sont intégrés. On pourrait très bien aussi, par la suite, ne laisser entrer en France à l’avenir que ceux qui sont munis d’une promesse d’embauche contrôlée avec permis de séjour le temps du contrat; le contrat terminé, l’immigré aurait deux mois pour retrouver un nouveau contrat et sinon il rentre dans son pays. Mais, direz-vous, de toute façon, on ne renvoie personne ou si peu… En tout cas, il serait urgent de renvoyer les individus qui posent un problème, ce serait déjà formidable. Actuellement, concernant la question migratoire, on mélange malheureusement tout, selon sa couleur politique: les sans-papiers, les cas sociaux à la rue, les sans boulot, les drogués, les caïds des banlieues, les vrais réfugiés, le regroupement familial (à arrêter ou limiter de toute urgence), les boat people, etc. Ce ne doit évidemment pas être le même traitement dans chaque cas, et je parle bien dans cette tribune des travailleurs. La « nouvelle loi immigration » a comme socle l’entreprise, mais bien sûr avec la menace coutumière de l’amende (4000€ pour emploi illégal, et 8000 si récidive). Qu’est-ce que cela résout?

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Ah si ! une innovation importante : les patrons devront désormais prendre sur le temps de travail de leurs salariés pour que ceux-ci apprennent le français ! Sauvés ? Cette nouvelle loi me fait l’impression d’un simple camouflage de notre situation migratoire qui ne touche pas aux sujets fondamentaux. Quid des cadeaux présidentiels faits à certains pays en autorisant un nombre déterminé d’émigrés (je pense à l’Algérie) ? Quid des expulsions ? Quid du laxisme et de la lenteur de la justice ? Certes, il convient de lutter contre l’emploi caché non déclaré, mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Le vrai scandale, c’est l’emploi « illégal » tel que je l’évoquais; car l’illégalité, répétons-le encore et encore, est promue par l’État qui martèle que pour avoir le droit de travailler, il faut d’abord travailler sans en avoir le droit. À se taper la tête contre les murs, oui.

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Chef d'entreprise, présidente du mouvement ETHIC.

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