Accueil Politique Écoutons Charles Péguy: «Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit»

Écoutons Charles Péguy: «Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit»

69% des Français estiment qu'il y a trop d'immigrés dans leur pays


Écoutons Charles Péguy: «Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit»
Rassemblement pour l'Aïd el-Fitr au Stade du Landy (93), 21 avril 2023. Image : capture Le Figaro.

Gérald Darmanin serait prêt à utiliser le 49.3 sur l’immigration. Mais Elisabeth Borne et Yaël Braun-Pivet estiment que ce serait une folie.


Après six ans à la tête de l’État, notre Procrastinant de la République, galvanisé par la ferveur qu’a suscitée une réforme des retraites accueillie par nos compatriotes avec le même enthousiasme que l’injonction à s’auto-administrer une boite de suppositoires, vient enfin de se lancer dans sa seconde campagne présidentielle ; celle dont il s’était dispensé en 2022. Les déplacements d’Emmanuel Macron vont donc se multiplier sur le territoire afin que toutes et tous puissent entendre sa voix promettant la félicité à venir. Sur le parcours du président, on veillera, autant que faire se peut, à neutraliser en amont tous les « dispositifs sonores portatifs » intempestifs qui tenteraient de couvrir sa bonne parole.

Gérald Darmanin veut passer à l’offensive

Sur le plateau de Pascal Praud, Karl Olive, inconditionnel du chef de l’État, a loué le courage du grand homme : « Il est capable d’aller sentir le cul des vaches. » Emmanuel Macron, quant à lui invité de Sud Radio, a déclaré, avec l’assurance qu’on lui connaît : « Je veux être le président réformateur et je le serai. » Avant de préciser, non sans manquer de toupet : « Je fais ce que j’ai dit. » Force est de constater quand même que, sur les retraites, il tient bon. Voyons maintenant comment s’annonce le chantier des réformes à venir.

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Alors que les enseignants se félicitent des annonces faites par Pap Ndiaye pour améliorer leur condition, il est maintenant temps pour le gouvernement de s’atteler à la loi sur l’immigration. On tergiverse encore sur les contours d’un projet de loi qui reste flou. Offensif, Gérald Darmanin a précisé le 17 avril vouloir reprendre l’examen de la loi qu’Emmanuel Macron avait assuré, en mars, vouloir découper en plusieurs textes…  Comme le rapporte Le Canard enchaîné, le ministre de l’Intérieur ne serait pas opposé à un passage en force : « Il faut une loi, mettre les LR devant leurs responsabilités et, si ça bloque, passer par un 49.3 », aurait-il martelé, désarçonnant Élisabeth Borne qui aurait confié : « J’ai halluciné. » (On se souvient qu’elle s’était engagée à ne plus utiliser cet article, sauf pour les textes budgétaires). Toujours selon Le Canard enchaîné, Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée, soutient Gérald Darmanin tandis que Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, considère « qu’un 49.3 sur l’immigration, c’est de la folie » 

Notre Temporisant de la République est bien conscient qu’un attentisme sur le sujet migratoire lui serait inévitablement reproché. Aussi, il a été contraint, de son côté, de se fendre sur le sujet d’une déclaration claire et ferme, dans la lignée, bien sûr, de celles dont il nous gratifie habituellement : « Nous renforcerons le contrôle de l’immigration illégale, tout en intégrant mieux ceux qui rejoignent notre pays. » Il faut dire que certains membres de son entourage ont pris soin de lui rappeler que, selon un sondage BVA (publié le 11 avril par la fondation Jean Jaurès), il y a pour 69% de nos concitoyens trop d’immigrés en France.

Reynié et Tavoillot, pas des bien-pensants

Fait nouveau, qui montre que le sujet préoccupe : les intellectuels de tous bords, acceptent de plus en plus le risque d’être vilipendés par la Bien-pensance et répugnent de moins en moins à s’exprimer sur l’immigration. Ainsi, pour Dominique Reynié, directeur de la fondation pour l’innovation politique (Fondapol), le pays est devenu « de décision humanitaire en décision humanitaire, particulièrement attractif pour les migrants. » Il cite par exemple « la couverture médicale gratuite », ou encore « un accès au regroupement familial ou à la nationalité plus rapide et plus simple qu’ailleurs. » De surcroit, toujours selon lui, l’État français « maintient sur le territoire des immigrés que nous n’expulsons presque jamais, à la différence de tous nos voisins. » Aussi, la Fondapol suggère à la France de s’inspirer de certains de ses voisins en matière de politique migratoire. La Finlande, par exemple, en cas de doute sur l’âge d’un étranger se déclarant mineur isolé, le considère et le traite comme un adulte, s’il refuse, sans raison valable, de se soumettre à un test osseux visant à déterminer son âge. On pense encore à l’Autriche, à l’Allemagne ou au Danemark. Ces pays ont institué un examen final afin de vérifier que le migrant a bien atteint le niveau de langue requis pour l’obtention d’un nouveau permis de séjour. 

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Le 17 avril, sur France 5, c’est Pierre-Henri Tavoillot, philosophe, maître de conférences à la Sorbonne et ancien conseiller de Jack Lang qui a pris position dans l’émission « C ce Soir », animée par Laure Adler, Karim Rissouli et Camille Diao. Lors de cette fête de l’esprit, il s’agissait d’échanger entre humanistes patentés sur la crise politique et démocratique traversée par la France. Rien n’aurait dû perturber la communion intellectuelle et spirituelle de l’entre-soi. Pourtant, Pierre- Henri Tavoillot n’a pas hésité à jeter un pavé dans le marigot. D’après lui, seul le référendum sur l’immigration pourrait permettre à Emmanuel Macron de recouvrer une légitimité en loques. Notre philosophe a courageusement insisté : « La question migratoire est un sujet qui fait aujourd’hui l’objet d’un débat entre ceux qui considèrent que l’immigration est une chance pour la France et les autres qui la tiennent pour un boulet (…) Le référendum me paraît être un moyen de trancher les choses en sortant du débat idéologique. » Que n’avait-il pas dit ! Toutes les grenouilles du plateau se sont mises à coasser pour s’insurger contre cette proposition malséante, « démagogue » et « de nature à mettre, assurément, le RN en orbite ». 

Des scènes de fin de ramadan effarantes

Le Canard enchaîné rapporte enfin que le président, répugnant, on l’aura bien compris, à se mettre en première ligne, exige de ses troupes qu’elles imaginent une solution rapide. Aussi, aurait-il fait passer cette consigne claire : « Il faut trouver une voie de passage pour la loi et ne pas fermer la porte à une convention citoyenne. »

La question religieuse, enfin, ne promet pas un débat apaisé. Alors que le conseil d’État a ordonné à la ville des Sables d’Olonne de démonter la statue de Saint-Michel au nom de la séparation de l’Église et de l’État, à Saint-Denis, vendredi matin, 21 avril, on a autorisé la mosquée Taqwa à organiser l’accueil des fidèles au stade du Landy pour y célébrer la fin du Ramadan. Le lieu de culte, en effet, trop exigu, n’aurait pas permis de contenir un rassemblement de si grande ampleur. Cet arrangement a donc permis aux hommes, femmes avec poussettes et enfants de se réunir en tenue de fête, djellaba et hijab. L’année prochaine, prédisent les organisateurs, il faudra certainement voir les choses en plus grand…  Ce cas n’est pas isolé. Nombreuses sont les municipalités du pays comme Bagneux, Marseille, Annecy, Perpignan, Paris, Rennes, Angers, Le Mans, Strasbourg, Argenteuil, Orléans, Nice, Montpellier, Orly, Nantes, Mulhouse, Le Pontet et la liste n’est pas exhaustive qui ont prêté des espaces publics pour accueillir la fête religieuse.


Alors peut-être devrait-on, en effet, proposer aux Français un référendum sur l’immigration afin qu’ils puissent choisir et non subir. « La réalité ne pardonne pas qu’on la méprise ; elle se venge en effondrant le rêve, en le piétinant, en le jetant en loque dans un tas de boue. » Joris-Karl Huysmans, Là-bas.

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est professeur de Lettres modernes

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