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Immigration clandestine: la réponse de Macron au Pape

Le président de la République était invité hier du journal de 20 heures, et répondait à Anne-Claire Coudray et Laurent Delahousse


Immigration clandestine: la réponse de Macron au Pape
De gauche à droite, Anne-Claire Coudray, Emmanuel Macron et Laurent Delahousse, Paris, 24 septembre 2023 © Jacques Witt/SIPA

Au journal de 20 heures, le président Macron ne s’est évidemment pas permis de contester la parole marseillaise généreuse du chef de l’Église sur les migrants. Et dans le fond, est-il tellement en désaccord avec l’idée d’un accueil sans restrictions?


Nouvelle intervention présidentielle en direct aux 20 heures de TF1 et de France 2. En avril, c’était lors du climat explosif du mouvement contre la réforme des retraites. Fin juillet, c’était peu après les émeutes.

L’automne vient

Cette fois, Emmanuel Macron prend les devants et intervient avant une possible grogne automnale. On se souvient comment s’était terminé le deuxième automne du premier mandat. Ça tombe mal, les prix du carburant sont revenus peu ou prou au niveau d’octobre 2018, et s’accompagnent d’une envolée des denrées alimentaires. Pour autant, pas d’annonces miracles ; la parenthèse du « quoi qu’il en coûte » est refermée.

Avant de répondre aux questions d’Anne-Claire Coudray et de Laurent Delahousse, le président Macron a quand même pris quelques instants pour se féliciter. Accueillir une même semaine le Pape, le Roi d’Angleterre et la Coupe du monde de rugby, peu de monde l’a fait : c’est du meilleur augure à trois cents jours des Jeux olympiques, heureux citoyens Français !

Les propos du chef de l’État très attendus après la n-ième crise à Lampedusa

Mais surtout, l’interview s’est ouverte par plusieurs minutes consacrées au volet migratoire. Apostrophé par le Pape François contre le risque de « fanatisme de l’indifférence », Emmanuel Macron s’en est sorti avec un habituel numéro d’ « en même temps ». « Le Pape a raison d’appeler à ce sursaut contre l’indifférence », mais en même temps « l’Europe est le continent qui fait le plus. Nous, Français, nous faisons notre part ». La réponse polie au Pape a été aussi l’occasion de rappeler la volonté d’accélérer la reconduite aux frontières des demandeurs d’asile déboutés. Sensible au « message d’universalisme », Macron veut « être rigoureux », car « on a un modèle social généreux ». Peut-être un peu trop ?

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Le président français a aussi salué l’évolution de Giorgia Meloni, présidente du Conseil italien, pourtant élue sur ce thème, qui a pris le contrepied de sa majorité « simpliste et nationaliste » en prenant sa « part de responsabilité » et en « jouant le rôle de premier port sûr ». À terme, Macron compte sur la coopération des pays de transit, la Tunisie en tête, pour démanteler les passeurs. Mais il a bien été incapable de chiffrer le nombre de migrants de Lampedusa qui seront finalement répartis sur notre territoire national. C’est quand même fâcheux, car depuis le début de l’année 2023, pas moins de 127 000 migrants ont débarqué sur cette île italienne au large de la Tunisie, soit le double du chiffre de 2022 à la même époque.

Robinet d’eau tiède

Le robinet d’eau tiède a coulé en direct à 20h10, et les mânes de Michel Rocard ont été invoqués.

Lors de sa mise en garde à Marseille contre un naufrage civilisationnel, persuadé que les migrants n’étaient pas là pour nous envahir, le Pape a également avancé que l’assimilation à la française « ne tient pas compte des différences et reste rigide dans ses paradigmes, [faisant] prévaloir l’idée sur la réalité et [compromettant] l’avenir en augmentant les distances et en provoquant la ghettoïsation, provoquant hostilité et intolérance ». Mais les journalistes de TF1 et France 2 n’ont pas estimé intéressant hier soir de revenir sur cet éternel débat entre partisans de l’assimilation et partisans de l’intégration.

Il n’a pas été guère davantage question de blocus maritime dans les questions de nos confrères. En déployant les marines européennes aux limites des eaux territoriales tunisiennes et libyennes, soit à 22 kilomètres, le refoulement au point de départ serait pourtant faisable, avec la possibilité pour les garde-côtes des pays de transit de récupérer les migrants. C’est d’ailleurs ce que fait aujourd’hui la marine grecque le long des eaux territoriales turques.




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Professeur démissionnaire de l'Education nationale

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