Et si les vrais nouveaux fascistes se cachaient désormais parmi ceux qui disent voir des fascistes matin, midi et soir? s’interroge notre chroniqueur.
L’horreur nazie (six millions de Juifs exterminés) doit sans cesse être rappelée afin d’alerter contre toute renaissance de l’antisémitisme. Pour le 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau, Emmanuel Macron sera ce lundi matin au mémorial de la Shoah, à Paris, avant de visiter en Pologne les vestiges du camp de la mort.
Ces gestes sont nécessaires. Encore faudrait-il que les yeux acceptent de voir ceux qui, aujourd’hui, menacent les Juifs pour ce qu’ils sont. En l’occurrence, le président de la République osera-t-il désigner l’islamisme et ses alliés d’extrême gauche comme les nouveaux dangers qui mettent les Français juifs en insécurité ? Jusqu’à ce jour, il a été plus confortable pour Macron et la bien-pensance de s’attarder sur « l’extrême droite », le « populisme », les « réactionnaires ».
Rejets
Ce week-end, l’acteur Jacques Weber, soutien de Jean-Luc Mélenchon, n’a suscité aucune indignation en affirmant sur RTL qu’ « entre Trump et le nazisme il n’y a qu’une feuille de cigarette » et qu’il fallait en conséquence « descendre dans les rues » et « supprimer littéralement » cette « ordure absolue ». Dimanche, sur CNews-Europe 1, Bernard-Henri Lévy s’est refusé à admettre, contrairement à Serge Klarsfeld et son fils Arno, la sincérité de la rupture de Marine Le Pen avec le passé antisémite du FN. Or, celui qui, comme Weber, appelle au meurtre, méprise le peuple et animalise l’adversaire est porteur d’une idéologie totalitaire assimilable au nazisme ou au fascisme. Et celui qui, comme BHL, dénonce certes la judéophobie islamique mais alimente, par conformisme, la suspicion sur certains de ceux qui combattent la haine des Juifs et d’Israël, participe à renforcer ces rejets. Rien n’est plus simple, pour ceux-là, que de regarder à droite, pour ne pas s’effrayer des dérives fascistoïdes à gauche.
Vieille comédie obscène
C’est une vieille histoire : parce que le communisme, vainqueur des Nazis, a échappé à son propre procès de Nuremberg pour ses crimes contre l’humanité (cent millions de morts de par le monde), il persiste à se hausser du col, à terroriser la gauche, à diaboliser la droite. Il hurle au retour du fascisme pour faire oublier qu’il en est le rejeton.
Cette vieille comédie est obscène. La victoire de Trump fait ressortir la régression de la France : elle a perdu sa souveraineté, sa joyeuse impertinence, beaucoup de ses libertés. Le temps est aux minorités belliqueuses, aux opinions censurées. Quant à l’intelligentsia paresseuse, elle n’a su penser « la saturation de l’universalisme des Lumières » et « la fin de la modernité », décrits notamment par Michel Maffesoli1. C’est une députée européenne française, Rima Hassan (LFI) qui, jeudi, a voté « contre » une résolution portée par François-Xavier Bellamy (LR) réclamant « la libération immédiate et inconditionnelle » de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu sans procès par la dictature algérienne pour un délit d’opinion. Dimanche, à Paris, la communauté kabyle opposée au régime de Tebboune, mobilisée pour la défense de Sansal et des juifs, a été boudée par les médias et les prétendus défenseurs de la démocratie. Parce qu’Elon Musk, lors d’un meeting en soutien à Trump lundi dernier, a fait un geste qui, figé par la photo, pouvait ressembler au salut hitlérien, il est depuis nazifié par la gauche. Elle ne supporte pas les combats de Musk pour la libération des réseaux sociaux, dont X, et pour la délivrance des nations asphyxiées, dont l’Allemagne, par les bureaucrates bruxellois. Les nouveaux fascistes voient des fascistes partout ; c’est même à ça qu’on les reconnait.
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- Autobiographie intellectuelle, Les éditions du Cerf ↩︎
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