On se souvient que Christine Lagarde, au moment où elle était devenue ministre des Finances, avait gardé quelques temps une habitude héritée de son passage dans le plus grand cabinet d’affaires américain, puisqu’elle rédigeait en anglais les notes internes pour ses collaborateurs. Il avait suffi alors de lui rappeler qu’elle était devenue grande argentière d’un pays appelé France et dont la colonisation linguistique n’était pas encore entièrement achevée pour qu’elle renonce à cette manie.
Il semble, hélas, qu’une rechute se soit produite. Le français lui semble décidément une langue bien provinciale puisqu’il lui faut désormais inventer des néologismes : la rilance, donc, qui est aussi ce qu’on appelle un mot-valise, conjuguant rigueur et relance. Malgré les 60 000 entrées du Petit Robert, Christine Lagarde n’est donc pas parvenue à trouver un mot pour décrire une politique qui consiste à appauvrir les pauvres tout en s’arrangeant pour qu’ils consomment plus. Si elle ne l’a pas trouvé, c’est peut-être parce que cette politique est impossible et ne peut pas exister. Comme les jolies inventions d’Alain Finkielkraut, qui publia en son temps un recueil de mots-valises intitulé le Petit Fictionnaire Illustré. On conseillera donc aux Français qui croiraient à la rilance d’aller s’acheter au plus vite un larmoir que Finkielkraut définit ainsi : « meuble servant à ranger les pleurs. »
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