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Ils marchent et ne se lassent point

Mes nièces, Instagram et moi


Ils marchent et ne se lassent point
Image d'illustration Unsplash

L’application WeWard incite ses utilisateurs à marcher tous les jours, et agit ainsi en faveur du bien-être, du dynamisme local et contre la pollution. C’est sa raison d’être…


Avant le premier confinement, mes petites nièces m’avaient installé Instagram. A la libération, elles ont tenu à s’assurer du « bon usage » que j’en avais fait.

Quand je veux des nouvelles de quelqu’un, je lui écris ou je lui téléphone. Quand je veux en donner, je fais de même. De plus, je sais envoyer des photos, des diaporamas, des vidéos par courriel ou par texto. Donc, à leur grand désespoir, en presque deux ans, je n’avais rien publié, ni rien liké, je ne m’étais constitué aucun réseau, je n’avais ni abonnés, ni abonnements. En revanche, elles ont découvert que, même si je ne suis pas l’heureuse « maman » d’un chat et que la cuisine se résume pour moi à la cuisson, j’avais tout à fait compris comment ça marchait. En conséquence, au gré de mes humeurs, je savais accéder à des tas de comptes.

Les comptes Insta de tata

Au hasard, à @celestebarber et à ses facéties quotidiennes exhibo-narcissiques appréciées par 8,4 millions d’abonnés. Ou encore à @petaouchnok pour avoir ma dose quotidienne d’exotisme. Ou à @jetemmerdepointcom, @complots.faciles, @graffitipourris, @savoirsinutiles. Bref, que des trucs qui ne servent pas à grand-chose mais permettent de renifler l’air du temps et de rester dans le vent. Mes nièces ont haussé les épaules mais, pas découragées pour un sou, ont décidé de parfaire mes connaissances smartphoniennes.

A relire: Les nuages… les merveilleux nuages!

Et me voilà, comme quatre millions de personnes, abonnée à WeWard. Grâce à cette start-up française, j’ai fait « le premier pas vers le bien-être », je « préserve la planète », « je découvre et redécouvre ma ville, ses sites culturels et ses commerces », « je relève des challenges », « je défie mes amis ». Bref, en un mot comme en cent, je marche. Et, pour cet effort nouveau et complètement insensé, je suis récompensée.

WeWard, me voilà !

Et fort généreusement. Si je marche 20 000 pas par jour, le maximum quotidien toléré par l’appli, c’est-à-dire 12,8 km, performance tout à fait dans mes cordes, et si je prends la peine de valider mes pas tous les soirs, je gagne 25 wards. Avec un ward à 0,007 €, j’empoche 20 € au bout de 4 mois. Sincèrement, c’est pas de la balle ?

Et, ce n’est pas tout. J’empoche 200 wards en effectuant un achat de 5€ minimum dans certaines boutiques, trois wards par € dépensé sur un site marchand partenaire, entre cinq et 80 wards en répondant à des sondages. Mais surtout, la bonne aubaine, c’est que je peux encore augmenter ma cagnotte en visionnant des publicités vidéo : un ward par vidéo et j’ai le droit d’en visionner une par heure.

Je suis en train de m’entraîner pour regarder ces pubs en marchant. Ce n’est pas facile, facile, un brin dangereux, mais je tiens le coup.

«I walk the line » et marche vers l’avenir.



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