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«Il y a un soft power catholique qui fait encore vibrer»

Le regard libre d’Elisabeth Lévy


«Il y a un soft power catholique qui fait encore vibrer»
Le Pape François s'adresse à des migrants, Lampedusa, 7 juillet 2013 © Alessandra Tarantino/AP/SIPA

Elisabeth Lévy revient sur la mort du pape François, un évènement qui a fait la une dans toute la presse mondiale. Sur l’islam ou Charlie Hebdo, le pape avait tenu des propos désastreux, rappelle toutefois notre directrice.


C’est une émotion planétaire, renforcée par le symbole de cette mort survenue le jour de la Résurrection. Quel autre dirigeant aurait droit aux drapeaux en berne aux États-Unis, après avoir pourtant violemment critiqué Trump ? Qui susciterait l’humilité du vice-président J.D. Vance ? Qui d’autre ferait la une de tous les journaux du monde, à part peut-être Lady Di, ou une star du rock comme Michael Jackson ? Qui serait salué à la fois par MM. Mélenchon, Macron, Poutine et Zelensky ?

Un phénomène et une peine chez les croyants qui fascinent

Cela montre que, malgré la mort de Dieu, malgré la déchristianisation avancée de l’Europe et de la France, il existe un soft power catholique qui continue de faire vibrer. Le catholicisme reste la deuxième religion mondiale, avec 1,4 milliard de fidèles (17,7 %), contre 1,6 milliard de musulmans (mais c’est la première si l’on distingue sunnites et chiites). Malgré le discours inclusif du Pape François, l’Église reste une étrangeté verticale dans un monde devenu horizontal : une hiérarchie de fer, un chef dont l’autorité s’impose à tous — cela n’existe dans aucune autre Église, d’où le poids unique de sa parole et de sa personne.

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En France, les réactions sont plus contrastées. Les fronts sont renversés : le Pape François a été beaucoup plus critiqué à droite qu’à gauche.
À gauche, on lui pardonne ses positions sur l’avortement et l’euthanasie (en somme, on lui pardonne d’être catholique), parce que François était écolo, dénonçait l’Europe-forteresse, et se montrait ouvert à l’islam.

Des positions énervantes concernant le massacre de Charlie Hebdo

Ce sont justement ses positions sur l’immigration et l’islam qui heurtent Philippe de Villiers et une partie des catholiques. En 2013, à Lampedusa, le premier jour du ramadan, François promet aux « chers immigrés musulmans » que l’Église est à leurs côtés. En février 2019, il signe à Abou Dhabi une déclaration sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence, avec le recteur d’al-Azhar, affirmant notamment que la diversité des religions est une volonté divine. Ce refus d’affirmer une vérité supérieure entre en contradiction avec le principe même du monothéisme, selon moi. Comme s’il justifiait l’effacement du christianisme face à un islam conquérant.

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Et puis, il y a son « oui, mais », après l’attentat de Charlie Hebdo, rappelé hier avec virulence[1] par Sophia Aram. Le Pape François estimait que la liberté d’expression est un droit fondamental, mais qu’elle ne permet pas d’insulter la foi d’autrui. Je ne dirais pas, comme Sophia Aram, qu’il a justifié le massacre. Il n’empêche : cette position, désastreuse, était à l’époque celle de toute l’islamo-gauche.
Alors oui, la France est un pays profondément marqué par l’empreinte catholique, et il faut la défendre contre les déconstructeurs. Mais n’oublions pas qu’elle est aussi la patrie des bouffeurs de curés…


Cette chronique a été diffusée sur Sud radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale chez Jean-Jacques Bourdin


[1] https://x.com/SophiaAram/status/1914321448790872186



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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