Jérôme Cahuzac, interrogé à propos du salaire de Zlatan Ibrahimovic, recrue du Qatar FC Paris Saint-Germain, a eu les mots suivants : « ces chiffres ne sont pas impressionnants, ils sont indécents ».
Le ministre du Budget n’ignore pourtant pas que, grâce à la nouvelle tranche d’impôt sur le revenu à 75%, l’Etat profitera largement du salaire de la nouvelle star parisienne. Mais, souvenez vous, Cahuzac n’était pas un grand partisan de cette tranche. Le soir où François Hollande l’avait annoncé sur TF1, il avait ramé comme un galérien sur France 2 quelques minutes plus tard, semblant découvrir cette nouveauté programmatique devant l’étonnement amusé d’Yves Calvi et des autres protagonistes de l’émission.
Le problème, c’est que les impôts en question, ce n’est pas Zlatan Ibrahimovic qui va les payer. En homme d’affaires avisé, le buteur suédois a bien négocié. Et il a obtenu un salaire plus important que celui prévu au départ. En gros, c’est exactement comme si c’était son employeur qui payait ses impôts. Et son employeur, c’est le Paris SG ou plutôt son actionnaire le QSI (Qatar Sports Investments). Or, comme nous l’avions expliqué en janvier dernier, le Qatar bénéficie en France d’une convention fiscale fort enviable, renégociée en 2008 sous l’égide de la majorité précédente. Avec de telles largesses de la part de notre pays, les Qataris peuvent se permettre de payer les impôts d’une starlette et de financer ainsi leur « softpower ».
A indécence, indécence et demi ! Cahuzac a-t-il l’intention de remettre en cause les avantages fiscaux indécents dont bénéficient les citoyens qataris en France ? D’autre part, est-ce que son gouvernement protestera lorsque, comme cet hiver, l’équipe féminine du PSG devra trouver un autre stade que le Parc des Princes, parce que pour l’émir du Qatar, l’indécence, c’est plutôt des filles en short ?
On en doute. Il semble bien qu’en matière de bonnes relations avec l’émirat du Qatar, le changement, c’est pas maintenant.
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