Faites connaissance avec Ibraheem Samirah, que le quotidien français qualifie d’élu symbole
Aux États-Unis, un certain Ibraheem Samirah tente d’être réélu à la Chambre des représentants de l’État de Virginie. Son nom ne vous est peut-être pas inconnu, et pour cause. En octobre 2020, alors que les prédictions concernant les élections présidentielles américaines battaient encore leur plein, Le Monde publiait le portrait de ce Démocrate, présenté comme le symbole du basculement des banlieues américaines. Pourtant, Samirah ne s’est allié à la gauche que par subterfuge, il le dit lui-même, et s’inspire plutôt de son père, Frère musulman et proche du Hamas.
Les islamistes infiltrent le camp progressiste
Il serait peu probable que Le Monde brosse un portrait aussi flatteur d’un élu islamiste en France. Mais il reste néanmoins important de rétablir la vérité sur Ibraheem Samirah en apportant quelques précisions. Derrière ses grands sourires enthousiastes, ses airs de jeune premier et sa barbe taillée avec soin, Samirah cache des convictions plus islamistes que progressistes.
Se décrivant comme le “reflet de ses concitoyens”, Samirah exprime régulièrement son soutien aux minorités. Mais aux États-Unis Samirah est également connu pour ses propos controversés, décrétant qu’envoyer de l’argent à Israël serait pire que d’envoyer de l’argent au Ku Klux Klan. Le progressisme affiché de Samirah n’est qu’un stratagème. Comme il l’a expliqué lors d’une conférence annuelle sur la Palestine organisée par l’association American Muslims for Palestine, dont plusieurs membres sont liés au Frères Musulmans, cette décision de s’allier à la gauche, à l’instar de celle du prophète Mohammed, revient à “former des alliances avec ses ennemis. Il a dû former des alliances avec des gens qui ne croyaient pas forcément en son message et qui, plus tard, deviendraient ses ennemis.” Le seul but de cette alliance serait donc de parvenir à ses fins, notamment celle d’ébranler Israël et le lobby “sioniste” en Occident.
Les lecteurs du Monde ne pourraient pas s’en douter. L’envoyée spéciale du Monde en Virginie, Stéphanie Le Bars, décrit Samirah comme l’incarnation d’une vague bleue surgie en 2019. C’est la couleur du parti démocrate. Selon elle, “son histoire personnelle, qu’il raconte volontiers et qui a rythmé sa campagne, lui donne en effet un point de vue singulier sur son pays et les difficultés rencontrées par les populations d’origine étrangère.” Quant à ses origines palestiniennes, “seule une photographie de la maison des environs de Jérusalem, que sa grand-mère palestinienne a dû abandonner en 1948, et un keffieh plié sur une étagère” en témoigneraient. Pourtant, il aurait été raisonnable de supposer que sa présence empressée à la conférence annuelle sur la Palestine évoquée plus haut en témoignerait également!
Séparé de son papa
Toujours dans l’article du Monde, le père de Ibraheem Samirah est décrit pudiquement comme un militant politique de la communauté musulmane de Chicago, qui se serait vu “interdit de séjour après les attentats du 11 septembre 2001”, ce qui a mené au “choc du déracinement” pour son fils. En réalité, Sabri Samirah était membre de la branche jordanienne des Frères Musulmans et dirigeait une organisation liée au Hamas: la « Palestine Committee.” Sabri Samirah présidait également la “Islamic Association for Palestine.” Cette dernière publiait les communiqués de presse du Hamas, ainsi que la charte du groupe terroriste dans laquelle celui-ci appelle à la destruction d’Israël et au meurtre des juifs… Des membres influents du Hamas intervenaient lors d’événements sponsorisés par cette même association. Sabri Samirah rassemblait également des enfants lors de colonies, où ces derniers apprenaient à chanter des chansons en arabe à la gloire du fondateur du Hamas, Ahmed Yassine. On leur transmettait l’importance du combat armé contre les juifs en leur faisant entonner le refrain suivant: “Poignards en main, nous surgissons pour frapper nos ennemis.” Sabri Samira a effectivement été renvoyé en Jordanie car considéré comme une “menace à la sécurité”, et ceci sûrement à cause de ses liens établis avec le Hamas et non en raison d’innocentes activités politiques au service de la communauté musulmane…
Tout ceci n’empêche pas Ibraheem Samirah de vouer la plus grande admiration à son père, le qualifiant de modèle, exprimant son espoir de le rendre fier, et déclarant que, sans lui, il ne se serait pas dédié à la cause des droits humains en Palestine. Samirah insiste même sur un point: il ne peut que rêver d’être à la hauteur des “normes morales exemplifiées » par son père, et prévoit de donner le nom de ce dernier à son futur fils. Malgré tout ceci, l’envoyée spéciale du Monde en Virginie, Stéphanie Le Bars entretient un faible apparent pour Samirah fils. En effet, dans un autre article du quotidien français, en date du 9 octobre, elle décrivait Samirah comme “un élu local, jeune, d’origine immigrée et démocrate, à l’image de ce comté urbain.” Elle n’évoque aucun autre élu local, alors qu’ils sont pourtant légion.
Case « Autre »
Dans une autre enquête publiée dans le Monde du 22 décembre 2020 et intitulée “Ces Américains multiraciaux qui ne rentrent pas dans les cases”, Stéphanie Le Bars s’empressait à nouveau de contacter Ibraheem Samirah. La journaliste, relatant les efforts infructueux des “personnes originaires du Proche-Orient et des pays arabes” pour obtenir une classification à part, s’est tournée, bien sûr, vers Samirah, comme en témoigne l’extrait suivant: “Une déception pour ces Américains, comme Ibraheem Samirah, un élu de Virginie. « Mes deux parents sont palestiniens, j’ai un ancêtre africain et je devrais m’identifier comme Blanc. Sur les formulaires, je ne m’y reconnais pas, je coche la case “autre” », explique le jeune homme.”
Nous avons envoyé une précédente version du présent article au Monde, mais n’avons reçu aucune réponse. Il est regrettable de constater que les informations que nous leur avons fait parvenir n’ont apparemment pas été prises en compte, ou n’ont pas été jugées pertinentes. Pourtant Le Monde se livre bel et bien à de la désinformation par omission, que celle-ci soit délibérée ou le fruit d’une malencontreuse erreur ne change rien au problème. N’importe quel lecteur du Monde parcourant ces articles aurait l’impression erronée que Samirah est en effet le fidèle reflet de ses concitoyens, et non un captieux islamiste poursuivant ses manigances sous couvert de progressisme.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule fois que Le Monde se fourvoie sur le sujet de l’islamiste ces derniers mois. Au milieu d’un article publié en août 2020 sur la situation au Cachemire, décrite comme un “enfer”, on trouve une mention de la Jamaat-e-Islami (JI), présentée comme “une organisation sociopolitique islamiste modérée.” Islamiste, elle l’est indéniablement ; modérée, moins. Abul Ala Mawdudi, fondateur et maître à penser de la JI, a eu une grande influence sur les Frères Musulmans, et est l’auteur d’un ravissant petit livre prônant le jihad, où il décrète que l’islam “souhaite détruire tout État ou gouvernement […] s’opposant à l’idéologie et au programme de l’islam.” En novembre 2019, The Print, une publication indienne, avertissait que la JI au Cachemire représentait la menace la plus préoccupante concernant la radicalisation menant au terrorisme. De plus, une majorité des “cercles” sociaux et politiques au Cachemire sont convaincus qu’aucun assassinat ciblé n’y est perpétré sans l’accord de la JI.
Ibraheem Samirah a confié au Monde qu’il estimait “représenter la relève du parti.” La dangerosité d’islamistes exprimant leurs idées au grand jour est d’une certaine façon plus simple à combattre que celle d’islamistes comme Samirah qui, dissimulant leur idéologie sous les habits de la gauche dite “radicale”, s’introduisent en politique. Il est consternant que le quotidien français le plus connu à l’étranger fasse preuve d’une telle complaisance envers un islamiste, allant jusqu’à en dresser un portrait indécemment dithyrambique.
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