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Humiliation

La visite de Charles III est reportée. Le président français ne maitrise plus son agenda


Humiliation
Mur à Londres Photo: Unsplash

C’est bien ce mot d’humiliation qui s’impose aujourd’hui à la suite de l’annonce du report de la visite officielle du king Charles III chez nous. Le roi de Paris ne sera donc pas le monarque anglais ces quelques jours, l’événement étant remis à plus tard…


Qu’importe au fond puisque justement, en ce moment, nous en avons un autre, de roi de Paris. J’ai nommé  sa majesté le surmulot. Il faut dire qu’il est à la fête jour et nuit, alors que, par la grâce des grèves, ce sont les ordures qui tiennent le haut du pavé. Nos rebuts et déchets suffisent à son bonheur. Nul besoin pour lui des fastes de Versailles, c’est autant d’économisé. La descente des Champs Élysées, il a coutume de la faire en passant par les égouts. C’est là encore autant de gagné en déploiement de forces de l’ordre pour assurer sa sécurité, les black blocks, si bien connus et pourtant assez mystérieusement si insaisissables, n’ayant pas encore investi ces endroits-là, bien que la fange et la merde nous semblent constituer leur milieu de prédilection.

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Humiliation, oui, car démonstration est faite devant le monde entier que la France, notre France, n’est même plus en mesure d’assurer une manifestation de cet ordre, primesautière, désuète diront certains. En tout cas davantage people que politique, davantage destinée aux magazines à couvertures glacées qu’aux comptes rendus du Quai d’Orsay. Il s’agissait au fond d’un moment de convivialité trans-Manche comme on les aime tant, avec flonflons et tapis rouge, dames premières à chapeaux improbables, discours royal avec accent oxfordien et president de la République se vivant le temps d’un banquet, le temps d’un soir en monarque absolu et rayonnant. Autrement dit, en souverain ayant la main sur tout.

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Or, là aussi, il y a lieu de fourbir le mot d’humiliation. Pour lui, humiliation autant personnelle que politique. Car, avec ce report sine die, nous voici autorisés à considérer que c’est jusque sur son agenda – oui, son agenda ! – qu’il est en passe de perdre la main. Quoi de plus humiliant, en effet ? Cela dit, puisque Versailles est remis aux calendes grecques, le repli à la Lanterne, toute proche – à l’image du Capitole et de la Roche Tarpéienne – s’offre à lui en manière de compensation. Au moins le temps de ce séjour qui aurait dû être royal. Et qui ne sera que « raté », comme se gaussent les surmulots entre eux.

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernière parution : « Moi, papesse Jeanne », éditions Scriptus Malvas

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