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Humanistes en peau de lapin

Ils nous ont sali l'humanisme...


Humanistes en peau de lapin
Philippe Bilger. Photo D.R.

Philippe Bilger en a soupé de tous les pseudo humanistes. Il pousse ici un coup de gueule, derrière lequel chacun pourra mettre les noms qu’il souhaite…


Ils nous ont sali l’humanisme : je leur en veux.
Au caractère universel de la morale ils ont opposé la subversion de leur idéologie.
Au respect inconditionnel des valeurs fondamentales, le relativisme partisan.
À l’aspiration légitime à l’égalité des sexes, un féminisme guerrier et totalitaire.
À la détestation du racisme, la dénonciation de l’homme blanc et un antiracisme obsédé par la confrontation des races (terme honni qu’ils ne cessent pas d’actualiser).
À la liberté d’expression, la censure explicite ou implicite de ce qui n’était pas leur pensée.
À l’exigence d’une morale publique irréprochable, le refrain d’une politique contrainte de se salir les mains.
Au désir de sécurité, l’accusation honteuse de populisme.
Au service du peuple, l’infinie condescendance des élites sûres d’elles mais oublieuses de trop de quotidiennetés.
À la volonté de favoriser ou de restaurer l’allure républicaine, la seule nostalgie de de Gaulle.
À la défense responsable et sans complaisance de la police et de la justice, la haine systématique de la première et une ignorance politisée au sujet de la seconde.
Au respect d’une culture à la fois populaire et intelligemment élitiste, la démagogie d’activités, de spectacles et de créations indignes de la beauté et parfois même de la dignité.
Au souci de la langue, une dévastation constante et trop souvent grossière du verbe.
À l’amour de la France, un repliement mesquin sur le pré carré ou une dilution dans le grand Tout mondial.
À la passion des débats et de la contradiction des idées, le déchaînement de paroles partiales, sans écoute de l’autre réuni dans le même opprobre que son opinion.
À la volonté de mettre en lumière les meilleurs, un délitement considérant la médiocrité ou l’inscription facile dans l’air du temps comme les seuls atouts qui seraient à notre portée.
À une critique artistique honnête, le clientélisme effréné laissant le talent au second plan pour ne s’occuper que de la connivence.
À une citoyenneté à la fois lucide et capable d’évoluer, des inconditionnalités constituant notre pays en blocs et présumant coupable le pouvoir, quoi qu’il fasse ou ne fasse pas.
À une démocratie de progrès et d’apaisement, le prurit de tensions et de guerres civiles rentrées.
À un nouveau monde promis sans cesse, la lassante habitude de pratiques et de dévoiements dégradés en normalité acceptable.
À l’étendue de ce qui manque, un déclinisme désespérant ou des utopies dangereuses.

Il serait faux de résumer ces multiples antagonismes au combat classique entre la droite et la gauche et leurs extrêmes. Peut-être davantage entre ceux que le réel n’indispose pas et ceux qui prétendent faire table rase de tout.

Dans la multitude des registres humain, social, politique, culturel et judiciaire, on tente de ne pas faire sombrer nos valeurs dans leur caricature ou leur instrumentalisation. On les préserve de l’idéologie qui parcellise au bénéfice de l’universel qui rassemble.

Ils nous ont sali l’humanisme. Je leur en veux.

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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