C’est le mâle blanc en vogue ! La presse américaine le voit comme celui qui délivrera l’Amérique du péché Donald Trump. Et pour cause, l’ex-patron de Starbucks, Howard Schultz, est une incarnation poussée à l’extrême du politiquement correct…
Le logo de la chaîne de cafés hors de prix, Starbucks flottera-t-il sur la Maison Blanche en 2020 ? Howard Schultz, jusque-là président de la multinationale, vient de quitter la marque à la sirène sur fond vert, mais pourrait bien revenir sur le devant de la scène lors de la prochaine élection présidentielle américaine. Cet archétype du politiquement-correct est présenté par les médias américains comme le parfait anti-Trump.
Un mâle blanc (honteux) de plus de 50 ans
Il faut dire qu’Howard Schultz est présidentiable, c’est indéniable : c’est un mâle blanc, il a plus de 50 ans (64 ans) et il est à la tête d’une fortune estimée à 3,1 milliards de dollars par le magazine Forbes. Mais l’homme met un point d’honneur à parler de son enfance dans un logement social de Brooklyn, s’évertuant à faire vivre le mythe du rêve américain. Dans un discours bien rôdé, il se plaît ainsi à déclarer que « le rêve américain ne peut être uniquement accessible à des privilégiés blancs qui affichent le bon code postal ».
Comme tout grand patron américain qui se respecte, il coche aussi la case du philanthrope et s’est paré de la Schultz Family Foundation, venant en aide aux jeunes à la recherche d’emploi et aux vétérans de retour à la vie civile.
Rien ne dépasse chez Howard Schultz : il ponctue ses déclarations avec des sourires sur commande, révélant des dents impeccables en interview, sur un ton posé, sans trop de gestes et avec un regard fixe. Tout le contraire de qui vous savez. Ses idées sont aussi lisses que son apparence, et à défaut de l’élection présidentielle, Howard Schultz pourra toujours concourir à Miss America – il n’aura même pas à y défiler en maillot de bain !
Un Donald Trump au lait de soja
Le businessman a réponse à tout et ses idées rivalisent de politiquement correct. Face aux tensions raciales, il lance – en bon commercial – après la tuerie de Ferguson, une opération qui consiste à inscrire « race together » (« ensemble au-delà des origines ») sur les gobelets de la chaîne. Le Steve Jobs du café revendique un équilibre entre profit et sens moral, et explique dans une vidéo que cette inscription servira d’élément déclencheur à une discussion au sujet des tensions raciales entre les clients.
Cette idée révolutionnaire a reçu une volée de bois verts de la part des médias et late show (émissions du soir) américains. Elle a même été qualifiée de « politiquement correcte » par le président Trump, qui n’a pas hésité à parler du boycott de la marque.
L’intervention de policiers, après l’appel du gérant d’un Starbucks à Philadelphie, à cause de deux noirs américains qui avaient demandé à se servir des toilettes sans avoir payé de consommation, a largement été reprise dans les médias mais notre grand patron a rapidement trouvé la parade parfaite pour redorer son blason : le « racial bias training » (« entrainement contre les préjugés raciaux »). Cette formule magique prétend transformer en 4 heures, obligatoires, un employé raciste en gentil serveur féru de diversité grâce à des « groupes de discussions » et des « experts ». Le but est ainsi d’apprendre « l’empathie, la compassion et la sensibilité ». Le magnat du macchiato au lait de soja, qui se targue d’y avoir également participé, a même prévenu : ce n’est que le début.
Howard Schultz veut entraîner ses compatriotes dans un monde comparable à un Starbucks géant où le noir américain de Ferguson pourra boire une mixture à 6 dollars avec un WASP des Hamptons sous le regard bienveillant de grands patrons moraux qui n’auraient qu’un but : promouvoir la diversité à tout prix.
De la Maison Blanche à la Maison arc-en-ciel
Celui qui a reçu l’aide du père de Bill Gates pour racheter Starbucks en 1987 est sur tous les fronts du politiquement correct. C’est pourquoi il veut aussi être le champion de la cause LGBT, insistant – lors d’une réunion annuelle des actionnaires de Starbucks – sur le fait que sa défense des droits de cette communauté n’est pas motivé par un quelconque intérêt économique mais bien par l’idée de cette chère diversité qu’il défend. Les noirs américains, la communauté LGBT, qui manque-t-il encore sur la liste de ce parangon de vertu ? Après le Muslim Ban de Donald Trump, il a annoncé, pour Starbucks, un plan de recrutement de 10 000 réfugiés sur cinq ans. Concernant les revendications salariales, la multinationale s’est aussi targuée en mars d’appliquer l’égalité de salaire entre employés de sexe et d’origine différents aux Etats-Unis. Howard Schultz a même cédé aux sirènes de l’anti-christianisme en supprimant les motifs de Noël des gobelets de la chaîne pour les fêtes, dans le droit fil de ceux qui tentent d’imposer la formule « happy holidays » (« joyeuses fêtes ») à la place du traditionnel « merry Christmas » (« joyeux Noël »)
L’élection de Donald Trump a ouvert une brèche. Elle a prouvé – peut-être malgré lui – que passer des affaires à la Maison Blanche était possible, voire tendance. Howard Schultz s’est fait tirer le portrait dans les grands médias américains, comme le New York Times, cette semaine et devrait cristalliser l’attention jusqu’à l’annonce explicite de sa candidature, ou non. Déjà dans le rôle d’opposant alors qu’il était à la tête de Starbucks, en déclarant notamment que le président Trump était vecteur de chaos dans le pays, il pourrait bien franchir le pas et devenir candidat à sa succession sous l’étiquette du Parti démocrate. Avec cet homme, qui avait soutenu à la fois Barack Obama et Hillary Clinton, les adversaires des « éléphants » ont peut-être trouvé leur nouveau poids lourd.
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