L’information pourrait paraître fantaisiste si elle n’émanait du correspondant romain de l’AFP et n’avait été validée depuis par nos confrères de La Croix, qui ne rigolent pas avec ces choses-là : à l’occasion d’un débat avec des journalistes sur les différentes formes d’union non préconisées par les Saintes Ecritures (concubinage, familles recomposées, couples gays) Mgr Vincenzo Paglia, président du Conseil pontifical pour la famille, c’est-à-dire, en clair, ministre de la famille de Benoit XVI, a enjoint les politiques et les gouvernements de trouver des « solutions de droit privé » et d’aménager des « perspectives patrimoniales » pour les formes de couples hors mariage.
Bien sûr, Monseigneur Paglia n’oublie pas d’où il parle et a rappelé à l’occasion de cette discussion à bâtons rompus le caractère sacré du mariage chrétien et sa préférence absolue pour « la famille, fondée par l’alliance entre un homme et une femme ». Mais une fois cette mise au point rituelle faite, l’évêque a carrément rué dans les brancards en condamnant formellement les pays où l’homosexualité est considérée comme un délit, et ce alors que les questions géopolitiques n’étaient pas vraiment à l’ordre du jour de cette rencontre avec la presse.
Bien sûr le prélat a dit penser là aux nombreux pays africains ou proche-orientaux qui punissent pénalement l’homosexualité. Mais pas besoin d’être grand clerc pour supputer que cette mise au point s’adresse aussi à ceux qui, dans l’Eglise catholique, persistent à ne voir dans les homosexuels que des déviants, des fornicateurs ou des grands malades. De là à penser que ce message s’adresse aussi à ceux des chrétiens qui condamnent toute forme d’union civile entre gens de même sexe…
Le Vatican, dit-on, suit avec beaucoup d’intérêt, et une certaine surprise, le mouvement français contre la loi Taubira. Par rapport aux précédentes mobilisations européennes ou américaines qu’on pourrait penser similaires, une des particularités insignes de ce mouvement made in France est de combattre consubstantiellement le mariage gay et l’homophobie. Une vision du problème qui peut paraître un peu trop rock n’ roll pour certains tradis, y compris, parfois, dans les rangs de la Manif Pour Tous, mais que Mgr Vingt-Trois, par exemple, défend en privé avec autant de vigueur à Paris qu’à Rome.
Reste à espérer que Benoît XVI ne trouvera pas que son collaborateur va trop loin, ou tout du moins, trop vite…
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