Les bienfaits que Françoise Hardy a procurés à mon pays me sembleront toujours plus précieux que ce que M. Hollande, qui se prépare à faire don de sa personne à la France, lui apportera.
M. Hollande a tort de moquer Françoise Hardy. Celle-ci est connue dans le monde entier ; à Londres, par exemple, elle demeure une icône, sa photographie y couvrait naguère les murs des boutiques de mode et des disquaires. Bob Dylan a fait son siège pendant plus d’une semaine, pour n’obtenir d’elle qu’un vague sourire : elle était follement éprise d’un autre. M. Hollande n’est salué qu’en France, et je lui prédis bien des difficultés pour se faire reconnaître ailleurs.
Récemment, Françoise Hardy a déclaré qu’elle redoutait les mesures de M. Hollande, s’il était élu à la présidence de la république, en matière de fiscalité sur les grandes fortunes. Elle a assuré qu’elle payait 40 000 Euros au titre de l’ISF, et qu’elle déclarait 150 000 Euros de revenus les bonnes années. Elle a prétendu que l’augmentation « hollandaise » de sa part imposable la mettrait dans une situation matérielle difficile : “Je serais forcée, à pas loin de soixante-dix ans et malade, de vendre et de déménager.”. Elle a cédé, voici quelques années, la charmante maison qu’elle possédait dans le XIVe arrondissement parisien, et acquis un appartement, dans un immeuble modeste, près de l’Étoile. Elle n’a volé ni exploité personne ; l’argent qu’elle a gagné est celui que son talent, immense et reconnu, lui a mérité.
Françoise Hardy n’a jamais songé à quitter la France pour vivre un exil fiscal en Suisse ou ailleurs. Elle n’aurait sans doute pas supporté d’être loin de son terroir parisien. Par ailleurs, elle est si franche, si sincère que frauder le fisc ne lui viendrait pas à l’esprit. Le Parti Socialiste ne compte-t-il dans ses rangs que des personnes aussi irréprochables ?
M. Hollande, qui n’a démontré jusqu’à présent que les qualités d’un apparatchik, a eu tort d’ironiser : “ […] si les personnes qui sont à la rue, et il y en a aujourd’hui, payaient 40 000 euros d’ISF, elles seraient heureuses […]. Il y a des gens qui couchent dehors, des gens qui sont dans les tentes, des roulottes, des caravanes. Ce sont eux qui couchent dans la rue ! ”. Françoise Hardy n’est en rien responsable des malheurs qui accablent nos compatriotes, au contraire, par ses chansons, elle concourt à leur rendre la vie un peu moins pénible.
J’ai eu le plaisir d’offrir, récemment, un CD des chansons anciennes de Françoise à une SDF, qui m’en avait exprimé le vœu. « Les gens qui couchent dehors » s’endorment parfois sur la voix de Françoise, je ne sache pas que François puisse prétendre à ce privilège. Enfin, je parierais volontiers que Françoise Hardy a rapporté beaucoup d’argent à la communauté, par ses impôts et par ses ventes à l’étranger, c’est à dire par son métier, par sa voix, par ses textes. En revanche, M. Hollande porte sa part de responsabilité dans l’appauvrissement général des Français. Son parti a défendu avec le zèle des nouveaux convertis la soumission aux marchés, à l’argent facile, à la vulgarité brutale et cynique des dépeceurs d’entreprise.
Au contraire de Françoise Hardy, je crois pouvoir assurer que M. Hollande n’aura pas conquis le cœur des français par ses seules qualités, mais, en quelque sorte, par défaut…
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