Hollande, prof réac?


Hollande, prof réac?

hollande portable ministres

Il charrie le proviseur, enfin le Président de la République. C’est vrai quoi, il est pas cool François Hollande : figurez-vous qu’il vient d’interdire l’usage du portable pendant le Conseil des ministres. Non, ça c’est trop dur. Et même, je pèse mes mots, réactionnaire ! On ne lui a pas dit que l’école de papa c’était fini ? Oui, vous savez dans ce passé obscur, on avait des punitions quand on lisait en loucedé pendant les cours de maths. Et voilà que le chef de l’Etat prétend imposer ces règles d’un autre âge à ses pauvres ministres – alors que, franchement, c’est pas leur genre de bouquiner pendant que le Président cause, non leur truc, c’est plutôt de twitter, surfer et chatter. On ne va tout de même pas leur reprocher d’être de leur temps. Et pourquoi pas, tant qu’on y est, le retour des châtiments corporels ou des heures de colle pour ceux qui n’auront pas de bons résultats ? Et pour ceux qui se seront fait pincer en train de s’en griller une dans leur bureau, on fait quoi, l’exclusion temporaire ?

Fini de rire ! Ce sera la devise de cette nouvelle phase du quinquennat, une phase de combat, a dit le patron. Avec cette mesure de choc, annoncée en grande pompe par le porte-parole du gouvernement, le bon peuple sait qu’il y a un capitaine à la barre du bateau France. Espérons qu’on ne verra pas un récalcitrant excédé brûler un vélib dans la cour de l’Elysée ou taguer la façade.

Les plus charitables assurent que cette révolution vise à assurer la confidentialité des débats. Alors que les enregistrements réalisés clandestinement par Patrick Buisson à l’époque de Nicolas Sarkozy viennent opportunément d’atterrir sur le bureau d’un juge, il ne faudrait pas que les murs de l’Elysée deviennent des passoires. Le pire, c’est que si on assistait en direct à leurs petites réunions du mercredi, on découvrirait peut-être qu’il ne s’y dit rien qui vaille la peine d’être caché. Non, je n’ose penser une pareille chose. Et puis, ça c’est les méthodes des fachos, à gauche on ne mange pas de ce pain-là. Sauf pour la bonne cause. En 2007, juste après la primaire remportée après une blitzkrieg par Ségolène Royal, un journaliste du Monde avait pu suivre en direct le Bureau national du PS grâce à un téléphone aimablement laissé dans un coin. Mais il s’agissait d’informer les citoyens.

Je ne crois pas que François Hollande cherche à protéger les secrets de l’Etat. Non, la triste vérité, c’est que nos ministres sont aussi dissipés que de vulgaires députés braillards. Après tout, ce sont des gens comme nous : ils ont bien le droit de rappeler à leur conjoint que les Dugland viennent dîner ce soir et qu’il faut acheter le pain, d’envoyer à leur copine la photo de la paire de chaussures qu’ils enfin qu’elles viennent d’acheter en soldes ou de regarder la fin du dernier épisode de Game of Thrones. Et puis, si Montebourg et Sapin s’envoient des blagues par SMS, ça prouve la cohésion de l’équipe gouvernementale, non ?

Finalement, il faut applaudir à cette restauration de l’autorité de l’Etat. Bon, il y a bien cette plaisantine de Valérie Trierweiler qui s’amuse à lancer des boules puantes. Alors que François Hollande était en visite officielle au Mexique, elle a les pieds dans le plat en s’invitant dans le délicat dossier diplomatico-conjugal d’une Française divorcée d’un haut personnage mexicain. Alors moi je ne vois qu’une solution : si le Président veut neutraliser son ex, il n’a qu’à la faire entrer au gouvernement. Et là, je vous garantis qu’avec ou sans portable, il y aura de l’ambiance au Conseil des ministres.

 

*Photo : VILLARD/PDN/SIPA. 00681195_000010. 



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Ukraine : la France n’a plus les moyens de ses émotions
Article suivant Objectif Sarko
Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération