Fasciné et souvent angoissé par les choses inexplicables qui l’entourent, l’homme s’évertue depuis toujours à tenter de les expliquer. Présomptueux et arrogant de ces mystères il veut être l’organisateur. Erreur, funeste erreur…
Il y a en ce monde une part d’inconnu qui ne peut être réduite à une vulgaire entreprise de rationalisation. Seuls les grands et vrais poètes parviennent à saisir la beauté de l’inexplicable. Qui oserait expliquer le miracle de la fraise des bois fraichement éclose dans la mousse des clairières ? Quel prétentieux, sourd aux voix portées par la lumière divine, s’enhardirait à disséquer les soi-disantes raisons de l’élection d’un homme à la magistrature suprême.
Expliquer est donc un vain mot. Prenons par exemple la France ce pays béni des dieux. De prétendus économistes, épaulés par des politiciens avides et sans scrupule, se demandent pourquoi depuis 2012 le chômage augmente et les déficits se creusent. Une pitoyable tentative qui ne peut trouver une réponse plausible qu’en s’adressant à celui qui régna avant 2012.
Les mêmes, bavards impénitents, usent leur salive essayant de saisir ce qui fait que tant de Français apportent leur suffrage au Mal ? D’où vient le Mal se demandent-ils ? Mais le Mal est ! Tout simplement ! Il ne s’explique pas. Autant essayer d’expliquer le Christ par l’Antéchrist. Pauvres rationalistes sans foi et sans cœur.
On en vient ainsi à nier le hasard, sublime caprice de la Providence, sans lequel l’Histoire ne serait ce qu’elle est. On attendait Grouchy mais c’est Blücher qui est arrivé. On attendait quelqu’un à l’Elysée et il s’est attardé dans une chambre d’un Sofitel à New York. Comme dans les plus belles des tragédies grecques il y a une grandeur envoutante dans cet implacable cheminement du destin.
Alors expliquer quoi ? Aucun des philosophes n’est d’accord sur la question. Spinoza a-t-il dit la même chose que Socrate ? Nietzsche est-il en phase fusionnelle avec Kant ? Et Cambadélis dans ses écritures ressemble-t-il à Benoit Hamon ? Croyez-vous que Valls soit un apôtre de Martine Aubry ? Non. Ne nous égarons pas sur ces voies de traverse où la pensée trébuche. Seules les âmes bien nées, vierges de toutes scories livresques et scolastiques, peuvent accéder au Graal caché dans la forêt de Brocéliande. Un penseur assez quelconque (et c’est pourquoi il a eu du succès) a dit un jour : « Je pense donc je suis ». Une hérésie faite pour flatter le commun des mortels. Je proclame que le « je suis » est hautement supérieur au « je pense ». Moi je suis.
PCC François Hollande.
*Photo : WITT/SIPA. 00710846_000001.
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