Les Français ont préféré un président à un pays apaisé!


Les Français ont préféré un président à un pays apaisé!
Françopis Hollande lors d'un déplacement à Annecy le 16 juin (Photo : SIPA.00760703_000001)
Françopis Hollande lors d'un déplacement à Annecy le 16 juin (Photo : SIPA.00760703_000001)

La fin du règne de Sarko Ier (2007-2012) fut paraît-il « anxiogène ». Un ami vous glissait ce mot dans un bistrot du Quartier latin, où naquit sans doute cette trouvaille, et peu à peu « anxiogène » gagnait du terrain. Vous le retrouviez dans la presse, dans les débats de radio ou de télévision, et enfin dans la bouche de tout un chacun. « Anxiogène » contribua à faire battre Sarkozy à la présidentielle face à un président normal, qui prônait une France rassérénée.

Il y a cinq ans, à la fin du précédent mandat, le principal problème de la France n’était donc pas le chômage de masse, la dette abyssale ou le manque de compétitivité économique, c’était la tête du président. Il ne nous rassurait pas assez, il avait trop de tics, il faisait trop de grimaces, il avait prononcé à Grenoble un discours trop inquiétant sur l’avenir de l’identité française. Incroyable superficialité qui a jugé, en 2012, les adversaires sur la mine, en dépit de tous les conseils prodigués depuis longtemps par La Fontaine et la sagesse populaire ! Même le sage et avisé Philippe Bilger a avoué qu’il avait voté Hollande parce qu’il lui trouvait une bonne tête. A ce compte, les Britanniques auraient pu renvoyer un Premier ministre qui leur promettait du « sang et des larmes » : « Churchill est anxiogène, rendez-nous Chamberlain, cet homme si rassurant et si amical avec Hitler ! »

La fin du règne de Hollande Ier (2012-2017 ?) se déroule dans une atmosphère néronienne. Paris ne brûle pas, mais la ville est cassée tous les deux ou trois jours par des bandes hyper-violentes qui se mêlent aux cortèges CGT et anti-loi travail. L’essence ne circule plus, les trains ne roulent plus que selon le bon vouloir des grévistes. La gauche et l’extrême gauche, ce vieux couple d’amants tragiques qui, depuis le congrès de Tours en 1920, n’en finit pas de se déchirer, de se rabibocher, de se redéchirer, empoisonnent la vie politique de leur double et interminable suicide. La gauche « de gouvernement » prouve qu’elle est incapable de gouverner, l’extrême gauche qu’elle est incapable de préférer l’intérêt général à ses intérêts corporatistes. Même si c’est injuste, l’Histoire retiendra que la CGT, par quelques-uns de ses membres, a été mêlée au saccage de l’hôpital Necker au moment même où le malheureux enfant du couple de policiers assassinés y était soigné. Terrible symbole.

La haine mortelle que se vouent les deux gauches n’empêche pas les petits arrangements entre ennemis : l’exécutif fait des déclarations tonitruantes sur le maintien de l’ordre, mais en douce il ordonne à la police de ne taper que mollement sur les casseurs, après les avoir laissé décharger leur agressivité sur les vitrines de Paris, Rennes ou Nantes… M. Hollande est le roi du signal contradictoire : le moindre coup de barre à droite est immanquablement suivi d’un coup de barre à gauche.

Menace terroriste et chaos politique, social, économique…

N’oublions pas le plus important dans ce tableau chaotique : la menace terroriste et l’exaspération de plus en plus grande des forces chargées de la contrer. Le meurtre à leur domicile des policiers de Magnanville est une première très inquiétante. Les plus courageux parmi les forces de l’ordre ne pourront plus penser à leur famille et à leur maison sans inquiétude. Les plus émotifs et imaginatifs vont se mettre au Tranxène ou au Témesta, les têtes seront lourdes dans les commissariats, les gestes seront moins sûrs quand les CRS devront intervenir. Destruction psychologique de la police, ah il a fait fort Larossi Abballa ! L’exaspération devant l’exécutif, qui ne sait donner que des ordres tardifs ou contradictoires dans les manifs violentes, est apparue au grand jour le jeudi 17 juin à Versailles : un policier en civil a refusé de serrer la main du président et celle de son Premier ministre.

Devant ce paysage chaotique et néronien, François Hollande ne joue pas de la lyre sur un balcon de l’Elysée. Il n’est pas assez artiste pour cela, son maniement puéril de la langue française le montre assez. « Ça va mieux » aurait pu se dire : « La situation économique de notre pays s’améliore » ou bien « La France se redresse ». Cette extrême pauvreté de langage a deux causes possibles : soit l’homme qui parle est un imbécile (ce qui n’est à l’évidence pas le cas), soit il prend les Français pour des imbéciles. Le président ne chante pas à la lyre les malheurs de la France, mais il continue à arborer son imperturbable sourire et à commettre ses petites blagues. Il est donc rassurant et personne, strictement personne dans les médias, ne songe à dire qu’il est anxiogène.

Le chaos politique, social et économique est à son comble, on ne sait qui triomphera de Manuel Valls ou de Philippe Martinez, des terroristes ou des forces de l’ordre, mais le président continue à sourire. Il ne faut pas dire « Ça va mieux », il faut dire comme Voltaire dans Candide devant les malheurs du monde : « Tout est pour le mieux ».

L’actuel président n’est peut-être pas anxiogène, mais c’est la réalité qui l’est devenue. A tout prendre, je préférais les tics, les grimaces et les colères de Sarkozy accompagnés d’une réalité française qui se remettait vaille que vaille de la grande crise économique de 2008. Que vaut une démocratie pour laquelle le visage d’un homme compte plus que ses qualités et sa volonté ?



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est romancier et professeur de lettres agrégé.

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