Climat: Hollande tire la couverture de survie à lui


Climat: Hollande tire la couverture de survie à lui

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En se tournant vers la politique internationale, un président regagne facilement de la popularité. Barack Obama et François Hollande l’ont bien compris puisqu’en faisant de la diplomatie leur priorité numéro un, ils remontent dans les sondages. En juillet, grâce notamment aux accords avec Cuba et l’Iran, Obama a vu sa cote de popularité repasser au-dessus des 50%. Dans une (bien) moindre mesure, Hollande a profité de la crise grecque pour remonter à 26% d’opinions favorables, score faible mais inespéré pour le seul président français à avoir plongé jusqu’à 13% de popularité. Afin de continuer sur cette lancée, les deux présidents cherchent à s’emparer du nouveau sujet brûlant du moment : le réchauffement climatique.

Le président américain Barack Obama a lancé lundi son plan contre la « grande menace » que fait peser le changement climatique sur la planète, insistant sur l’urgence d’agir immédiatement et annonçant une restriction inédite sur les centrales électriques.

Il s’agit de l’un des « défis clés » de notre époque, a estimé M. Obama depuis la Maison Blanche, d’où il a annoncé le Plan américain pour une énergie propre (« America’s Clean Power Plan »). Ce dispositif rassemble une série de réglementations qui imposeront pour la première fois aux centrales électriques de réduire de 32% d’ici 2030 leurs émissions de carbone, par rapport à leur niveau de 2005.

Les centrales électriques sont en effet responsables de 40% des émissions américaines de dioxyde de carbone, le gaz le plus répandu parmi ceux contribuant au changement climatique. Pour appuyer ses propos, Barack Obama a tenu à souligner l’urgence d’agir et le caractère historique de sa proposition : « Aucun défi ne représente une plus grande menace pour notre avenir et pour les générations futures qu’un climat qui change. »

Continuant dans la même veine, le président américain a tenu à montrer qu’il se plaçait au-dessus des contingences politiciennes, l’un des fondamentaux de la communication d’un président choisissant la diplomatie : « La plupart du temps, les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont temporaires et nous pouvons nous attendre à ce que les choses s’améliorent si nous nous y attelons, même progressivement. Mais voilà l’un des rares problèmes – de par son ampleur, de par sa portée – que nous pourrions ne plus être en mesure de régler si nous ne le traitons pas. Et auquel nous ne pourrions sans doute pas nous adapter suffisamment », a-t-il martelé.

Enfin, il n’a pas hésité à rappeler que sa prise de position était historique, en décrivant les restrictions imposées aux centrales électrique comme « l’étape la plus importance dans la lutte de l’Amérique » contre le changement climatique.

En s’emparant de ce sujet six mois avant la COP21, Barack Obama se met donc en bonne position pour jouer un rôle majeur dans cette conférence et profiter de son rayonnement. Celle-ci réunira 195 pays qui devraient s’engager à limiter à 2 degrés Celsius la hausse de la température mondiale générée par les émissions de gaz à effet de serre.

D’ici là, le président américain est attendu dans les prochains mois en Alaska pour y constater l’impact du réchauffement climatique. Il recevra également le très populaire pape François à la Maison Blanche, où les deux hommes devraient lancer un appel commun à l’action.

Mais face à cette offensive écologique, François Hollande ne compte surtout pas être en reste. Un communiqué de l’Elysée nous apprend qu’il a donc « salué le courage du Président Obama », dont le plan « constitue une contribution majeure au succès de la Conférence de Paris sur le changement climatique » organisée en fin d’année, a-t-il ajouté.

Le président américain doit être très touché par ces félicitations, qui ressemblent davantage à une grossière tentative hollandesque de récupération. Car François Hollande tient absolument à ce que la France préside aux futures négociations écologiques mondiales. Et il doit d’autant plus enrager que, lors des précédentes conférences de ce type, l’Amérique était restée en retrait, comme ce fût le cas lors de la ratification du Protocole de Kyoto.

Dans le communiqué de l’Elysée, cette volonté du président Hollande d’être le maître de cérémonie de la COP21 est palpable : « La France va continuer de fédérer toutes les initiatives pour que les nations notamment les plus développées prennent leurs responsabilités. » Tout esbaudi par l’éclaircie sondagière ou paniqué à l’idée de rater la dernière occasion de laisser une trace dans l’histoire, notre président ? Quoi qu’il en soit, il ne compte visiblement pas se laisser voler la vedette.

François Hollande a donc mobilisé ses troupes pour rappeler à Barack Obama que la France est en pointe sur les questions écologiques. D’abord, c’est la « vice-présidente » et ministre de l’écologie Ségolène Royal qui en a remis une couche sur Twitter. Son gazouillis, rédigé dans un franglais que M. Obama aura peut-être du mal à comprendre (s’il prend la peine de le lire) rappelle que notre pays a d’ores et déjà adopté la loi de transition énergétique, modèle pour tous les gouvernements du monde. Puis c’est l’inénarrable Jean-Christophe Cambadélis qui a salué, grand seigneur, « un signe encourageant pour la COP21 ».

Amen, ils vous le disent : la bonne parole a été portée par-delà les mers, sur tous les continents de la terre. À moins que Barack Obama n’ait tout simplement préféré couper l’herbe sous le pied de notre Saint François national, et s’assurer que le combat du siècle, dont dépend nous dit-on le sort de l’humanité, soit encore une victoire pour l’Amérique.



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