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Pourquoi il faut regarder le documentaire «Hold-up»

Sans tout prendre pour argent comptant


Pourquoi il faut regarder le documentaire «Hold-up»
Diffusé en ligne, le documentaire de Pierre Barnerias promet de raconter l’histoire secrète de l’épidémie de coronavirus covid-19. En réalité, il s’affranchit des faits à de multiples reprises. © Riccardo Milani / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

 


À l’exception du journaliste André Bercoff et de l’actrice Sophie Marceau, le documentaire de Pierre Barnérias fait l’unanimité contre lui. Causeur l’a donc regardé. S’il présente des contre-vérités et défend la thèse d’un complot, il pose aussi des questions cruciales sur la crise sanitaire.


Soyons honnêtes, mieux vaut ne pas être sujet à l’hypocondrie pour visionner deux heures quarante consacrées au Covid-19 alors que les médias nous rabâchent depuis près d’un an ce nom que l’on aimerait tant oublier. 

Des camps de confinement au grand air canadien? 

Dès le début le ton est donné. « On ne dit pas la vérité », assène Michael Yeadon, ancien directeur de recherche du laboratoire de recherche Pfizer. Après une furtive échappée dans des montagnes parsemées de neige où un ancien médecin chercheur a désormais trouvé la sérénité en compagnie de dame Nature, un dénommé Silvano Trotta, présenté comme « lanceur d’alerte », paraît confiné dans un bureau. Le youtubeur professionnel s’enflamme, invoque le professeur Raoult avant de tonner: « En France, l’ARS ne communique pas sur le nombre de cycles […] on fait des boulettes, écoutez jusqu’où monte la France ! » Sur fond d’orchestre de violons synthétiques potentiellement anxiogène pour le spectateur confiné, la voix-off nous met au parfum du scoop: « alors que toutes les courbes en Europe sont plutôt rassurantes, ce virus va jusqu’à faire construire des camps d’internement au Canada ». En réalité, il s’agissait d’une question du député canadien Randy Hillier posée en forme de provocation au gouvernement de Justin Trudeau – lequel, malgré tous ses défauts, n’a pas fait construire de camps de confinement (!) pour malades au pays du sirop d’érable… Première boulette de « Hold-up ». 

On nous ment!

Le jeune médecin Martin Blachier, gourmand de plateaux télé en ces temps de pandémie est alors mis à l’index par le narrateur, qui l’accuse de semer la panique. « Qui sont les charlatans ?», demande rhétoriquement notre voix-off. Après une séquence émotion consacrée aux lésions cutanées chez des porteurs de masque à l’épiderme sensible, appuyée par une dermatologue en blouse blanche qui montre d’affreuses photos de joues enflammées sur son smartphone, des intervenants se succèdent dans une salle noire tapissée de deux affiches du documentaire « Hold-up » en forme d’autopromotion. « Comme par hasard, on n’a pas de grippe cette année », dénonce l’endocrinologue Violaine Guérin avant que la voix-off nous révèle que « le Covid a fait flamber les prix de la consultation », puis qu’il nous livre enfin la révélation: « la pandémie était attendue, pire, elle était même souhaitée ! » Il y a du « X-Files » sanitaire dans l’air.

Brave gens qui croyez encore en la parole des médecins chercheurs, sortez de votre torpeur: « ce que l’immense majorité de la population ignore, c’est que depuis quinze ans, la plupart de ce qui est publié est faux », assure l’anthropologue de la santé Jean-Dominique Michel, se référant à l’étude du magazine The Lancet qui a tenté de clouer au pilori la chloroquine – avant de reculer suite aux levées de boucliers. 

Ce qui permet au frétillant Philippe Douste-Blazy, adepte des plateaux télé s’étant refait une santé, on peut le dire, grâce au coronavirus, de renchérir: « Qui a payé cette étude ? Qui est derrière ?». Puis de déclarer, « c’est un scandale monstrueux » – avec un changement de plan de la part du cameraman entre le nom et l’adjectif épithète. 

Et pourtant… 

Philippe Douste Blazy gagnerait en loyauté et en crédibilité s’il assumait sa participation à « Hold-up » plutôt que de se dégonfler comme un trouillard sur les ondes de RTL pour garder ses entrées à la télé. Car tout n’est pas à jeter dans « Hold-up », loin s’en faut. « Un million d’amendes pour non-respect du (premier) confinement ont été distribuées », rappelle l’avocat Régis de Castelnau, nous mettant en garde sur le risque bien réel que le pays s’habitue à cet arbitraire. À l’heure où nombre de lycées passent en enseignement semi-distanciel, faisant passer le souhait du risque zéro contamination avant la transmission du savoir – jusqu’au printemps? -, difficile de ne pas voir dans le cas présenté d’un lycée ayant enjoint à ses 1500 élèves de se faire tester en raison d’un cas de Covid-19 détecté chez une élève absente depuis dix jours, une soumission au virus de la peur chez l’Occidental contemporain qui a de quoi inquiéter, d’autant plus eu égard aux défis du terrorisme et de la censure islamiste qui conquiert nos esprits. 

Tandis que nos commerçants coulent, Amazon voit son chiffre d’affaires vertigineusement augmenter. Que penser du paiement « sans-contact » devenant la norme dans un monde sans contact physique au nom du Bien? Que dire du fait – évoqué par l’ingénieur David Pliquet – que la start-up Neuralink ait implanté une puce électronique dans un cochon à titre expérimental en l’attente de fabriquer la version pour humains? Il y a là de quoi effrayer plus d’un d’entre nous, et pas seulement ceux pétris de morale chrétienne. Si le monde d’après nous destine à télétravailler sans contact physique avec une puce dans le cerveau pour commander nos plateaux repas livrés à domicile, il serait grand temps de réagir. Malgré ses défauts, l’intérêt du documentaire « Hold-up » est de soulever ces questions cruciales.

« Le monde d’après sera le même, en un peu pire », a écrit Michel Houellebecq avec lucidité. Reste à veiller à ce qu’il ne devienne pas considérablement pire. 



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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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