Accueil Société Les cités HLM ne sont plus des « quartiers populaires »

Les cités HLM ne sont plus des « quartiers populaires »


Les cités HLM ne sont plus des « quartiers populaires »
Cité HLM du Mans, novembre 2017. SIPA. 00833755_000025

Quand j’étais petit, j’aimais les HLM. Ceux de la ceinture rouge de Paris. Avec mes parents nous y allions souvent. Ils y avaient des camarades. J’étais content de les accompagner quand ils allaient vendre l’Humanité-Dimanche. Partout des sourires, des poignées de main. Nous étions dans des quartiers populaires. Un joli nom.

Aujourd’hui certains s’entêtent toujours à appeler ces lieux, vidés de leurs occupants d’origine, « quartiers populaires ». Une usurpation d’identité qu’aucune loi ne condamne. « Quartiers populaires », ça sonne plus noble et plus chic que « quartiers difficiles ».

Le progrès, c’était mieux avant

Moi, je ne me suis jamais consolé de la disparition de tous ces êtres qui avaient autant de cœur que d’abnégation. Non, non, il ne s’agit pas de nostalgie du bon vieux temps. Je ne suis ni naïf ni passéiste, et rien ne m’amènera à dire : « c’était mieux avant ». C’était juste autrement !

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Je ne crois pas que le temps qui passe et qu’on nomme le progrès, la modernité et, plus communément, l’évolution normale des choses, emprunte une ligne droite toute simple menant toujours vers plus d’humanité, d’intelligence et de bonheur. Les êtres humains se succèdent et se suivent : pas toujours pour le meilleur, et assez souvent pour le pire.

Soixante ans d’écart séparent les communards de 1871 des bourreaux staliniens… Un progrès ? Entre les Allemands de l’aire de Bismarck, et les nazis des années 1930, il y a la même distance… Un progrès ? Entre l’âge d’or des émirats de Grenade, Cordoue et Tolède, et la sombre régression contemporaine de l’Islam, des siècles se sont écoulés… Un progrès ?

Stalingrad est tombée

Les combattants de la guerre d’Espagne mouraient en criant : « No pasaran ! », d’autres, 80 ans après, barbouillent les murs du même slogan et font la révolution en se tenant la nuit debout… Un progrès ? Les ouvriers des HLM du temps jadis se levaient tôt le dimanche pour vendre un journal. Beaucoup de ceux qui, aujourd’hui, les ont remplacés, n’ont jamais ouvert un journal. Est-ce ainsi que les hommes s’améliorent ? Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Je pensais à ce bonheur d’appartenir à ce peuple « élu » en marchant prudemment dans une grande avenue de Stains. L’avenue de Stalingrad. Un beau nom. Un nom rouge. Il n’a plus sa place à Stains.

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est journaliste et essayiste

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