Un homme de taille moyenne (1m 73), le front barré d’une mèche de cheveux plats, vociférait dans les brasseries. Il avait un accent autrichien mêlé d’intonations du Sud bavarois. Des fidèles d’abord, puis un large public venaient entendre ses imprécations plébéiennes : ils aimaient ses violentes diatribes, ses formules de dénonciation, qui apaisaient leur détresse. Ses colères, toujours lourdes de menaces, les envoûtaient littéralement. Ils se retrouvaient dans son national-populisme, dans son ivresse argumentée, dans son récit sauvage. Ils voulaient vraiment qu’il les incarne tous.
Ce diable d’homme savait les formules de la magie sociale, et il était un sorcier sarcastique : il donnait le spectacle renouvelé de tourments très anciens. Il justifiait, avec l’habileté d’un publicitaire, la haine ordinaire, la rancune qu’avait déposées la défaite allemande dans le cœur des hommes et des femmes.
Alors, oui, il se produisit un effet de ravissement des foules : « Tous se lèvent et crient, exultent, applaudissent, gesticulent et hurlent. Je suis debout près de la fenêtre et je pleure comme un petit enfant . » (Joseph Goebbels, Journal, 14 juillet 1925).
Ce soir, France 2 diffuse les deux épisodes d’Apocalypse Hitler, documentaire d’Isabelle Clarke et Daniel Costelle. J’ai déjà salué leurs grandes qualités professionnelles à l’occasion de leur Occupation intime sur TF1. Apocalypse Hitler ne fait que les confirmer.
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