Les néo-féministes exigent, soit une récriture mutilante des œuvres du passé pour en expurger tout ce qui peut offenser les « minorités », soit une réinterprétation qui projette sur ces œuvres les critères moraux de notre époque. Comme une nuée de criquets pèlerins, cette idéologie assujettit la littérature à une visée militante. Malheureusement, les jeunes d’aujourd’hui, intellectuellement amoindris par une école en faillite, sont faciles à endoctriner.
On constate, désolée, que la polémique suscitée par « L’Oaristys» ou « l’Affaire Chénier » n’était malheureusement qu’un prélude à la bouffée délirante qui semble gagner la gent féminine. Ce poème de Chénier, figurant en 2017 au programme de l’agrégation, avait plongé les préparationnaires dans une insondable perplexité. C’est pourquoi l’association féministe de l’ENS Lyon, nommée facétieusement « Les Salopettes », s’était résolue, si j’ose dire, à prendre les choses en main. Pour ce faire, elle avait relayé une lettre ouverte, écrite par des « agrégatif.ve.s » de Lettres modernes et classiques, adressée au jurys des concours. Les « auteur.rice.s » de la missive demandaient des clarifications sur la manière d’aborder un texte dans lequel «iels » avaient identifié une indubitable scène de viol. Lâches, les birbes qui sévissent encore dans les jurys des concours de Lettres s’étaient réfugiés dans le silence.
Que de chemin parcouru depuis ! L’affaire Weinstein a secoué le monde entier et maintenant Jennifer Tamas convoque le Grand Siècle pour qu’on n’oublie jamais que « non » est un mot magique. Mme Tamas, agrégée de Lettres modernes qui enseigne la littérature française de l’Ancien Régime à Rutgers University (New Jersey) aux États-Unis nous donne un brillant essai. Intitulé Au non des femmes
