Comme en 2008, Hillary Clinton a comme meilleure promesse celle d’être potentiellement la première femme présidente de l’histoire des Etats-Unis. Mais elle doit beaucoup au parcours et à la personnalité de son mari Bill. Son meilleur directeur de campagne n’a rien perdu de sa popularité et il est souvent plus applaudi que sa femme dans les meetings où la nostalgie de la prospérité des années 90 domine. En réalité, l’ancien président entend bien prolonger son aventure politique et familiale par l’intermédiaire de son épouse (on parle déjà du destin politique de Chelsea Clinton…). La santé fragile de Bill le contraint sans doute à baisser de rythme ce qui donne plus d’espace à Hillary. Mais les sorties d’hôpital de l’ancien gouverneur de l’Arkansas ne rajeunissent pas l’image du couple.
Si l’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama est chahutée dans les sondages, c’est aussi du fait de son image cassante et arrogante qui en fait une caricature de l’establishment de la côte est. Femme du sérail qui a déjà occupé la Maison-Blanche, la candidate a du mal à incarner le changement, elle a du mal à nouer le contact avec son public. Le soutien du New-York Times et de Goldman Sachs à sa campagne sont deux marqueurs du politically correct et de Wall Street. Bref, les Américains n’aiment pas Hillary, l’électeur de Des Moines, Iowa, encore moins. Elle est la meilleure ennemie de Donald Trump parce qu’elle incarne tout ce que l’Amérique profonde déteste.
Alors que les choses se compliquent dans les sondages pour l’ancienne première dame, l’affaire des courriels envoyés depuis son adresse personnelle en violation des règles élémentaires de sécurité n’en finit plus de polluer sa campagne. Vingt-deux courriels soit 37 pages ne seront finalement pas publiés malgré la demande de Hillary de jouer « la transparence » (ils ont été classé secret défense). Les commentateurs ont aussitôt fait le rapprochement avec des révélations potentielles sur le fiasco libyen et l’assassinat de l’ambassadeur Chris Stevens le 11 septembre 2012. Affaire qui a révélé dans un premier temps l’imprudence de la secrétaire d’Etat et ensuite sa duplicité. Pour se disculper, Mme Clinton avait d’abord invoqué une manifestation spontanée suite à la diffusion du film L’Innocence des musulmans alors qu’il s’agissait d’un assaut parfaitement préméditée d’un consulat aux normes de sécurité défaillantes. Dans ce contexte, Hillary avait pourtant autorisé Stevens à se rendre à Benghazi. L’affaire a aussi mis en relief les calculs hasardeux du département d’Etat en Libye à l’occasion des printemps arabes, dans le sillage de Nicolas Sarkozy et de sa muse, Bernard-Henri Lévy. Légèreté, mauvaise foi et incompétence, le bilan de l’ancienne sénatrice de New-York est un sérieux handicap pour la candidate.
Il y a un an l’issue ne faisait pas de doute. Hillary Clinton devait l’emporter face à Jeb Bush. Circulez, il n’y a rien à voir ! Elle pensait profiter des divisions d’un camp républicain plus à droite que jamais. Mais Trump est sur un nuage et elle se retrouve fragilisée par la concurrence improbable d’un mâle blanc de 74 ans, Bernie Sanders. Un « socialiste démocrate » qui la double sur sa gauche et dont la personnalité est par contraste sympathique et sincère. Deux qualités qui font cruellement défaut à Hillary. Bref, l’argument féministe ne suffira pas pour remporter la campagne.
*Photo : SIPA.AP21851412_000117
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