Georges Papandréou, vous voyez qui c’est ? Mais si, enfin, l’ancien premier ministre grec, un socialiste. Il a été au pouvoir de 2009 à 2011 et c’est avec lui que le cauchemar a commencé. Il s’est rendu avec armes et bagages à la Troïka, c’est à dire aux représentants de l’UE, de la BCE et du FMI qui mettent en coupe réglée la Grèce, pressée comme un citron de Naxos au cœur de l’été. Bon, il n’y a plus de jus dans le citron mais ce n’est pas grave, maintenant on attaque la pulpe pendant que parti néo-nazi Aube Dorée s’occupe de la politique migratoire dans les quartiers à grands coups de lattes, prouvant si besoin était qu’une politique libérale a toujours besoins d’exécuteurs des basses oeuvres quand le peuple ne comprend plus les harmonies spontanées.
Non, en Grèce, en ce moment, on préfère plutôt arrêter les journalistes qui montrent que l’austérité, ce n’est pas pour tout le monde et qui publient la liste des exilés fiscaux ainsi que le montant de ce qu’ils truandent à leur propre pays. Le premier qui dit la vérité sera exécuté, on connaît la chanson, même sien cette occurrence, le petit fouineur a été finalement relaxé
Aux dernières nouvelles, Papandréou n’en fait pas partie, de cette liste. Cela ne l’empêche pas d’avoir vite trouvé le filon, une fois le pouvoir quitté et après avoir quasiment détruit son parti, largement devancé par Syriza, le Front de Gauche local, aux dernières élections. C’est toujours amusant, entre parenthèses, de voir un parti socialiste qui fait le sale boulot et se trouve réduit à servir d’auxiliaire zélé à la droite pour fournir une majorité de rechange austéritaire. Il n’y a pas de justice. Mais enfin ce n’est plus trop le souci de notre ami Georges : selon la presse grecque, assez furieuse, il donnera prochainement des cours à Harvard, pour 45 000 € par mois. Son nouveau salaire équivaudra à 70 fois le SMIC grec, SMIC qui n’est d’ailleurs plus versé à grand monde puisque le taux de chômage atteint plus de 25% dans ce merveilleux laboratoire de l’absurde.
Ce qui est croquignolet, c’est qu’il va enseigner l’économie, ce qui nous indique bien le degré de sérieux de la discipline ces temps-ci, capable de justifier théoriquement à peu près n’importe quelle aberration observable à l’œil nu. S’il avait voulu se racheter, Papandréou, il aurait plutôt dû expliquer la philosophie présocratique, avec en exergue à son premier cours, ce fragment d’Héraclite : « Le peuple doit combattre pour sa loi comme pour son rempart. »
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