Le poème du dimanche
« Henry Jean-Marie Levet m’obsède. Je l’ai découvert à l’âge de seize ou dix-sept ans. Il ne m’a jamais quitté. Les premiers poèmes que j’ai lus de lui, je les ai retenus aussitôt. Je peux les réciter encore aujourd’hui. Par cœur. » Ces mots de Frédéric Vitoux qui a été le biographe de Henry Jean-Marie Levet (1874-1906) dans L’Express de Bénarès (Fayard), votre serviteur pourrait les faire siens. L’œuvre si mince de Levet, – ses Cartes Postales compte dix poèmes -, a exercé une influence décisive sur ceux qu’on classe dans la catégorie des poètes du voyage comme Larbaud, Cendrars, Morand et même, d’une certaine manière, Saint-John Perse.
Il nous reste de lui un simple recueil que l’on peut trouver en Poésie/Gallimard ou dans La Petite Vermillon à la Table Ronde.
CÔTE D’AZUR. – NICE
À Francis Jourdain
L’Écosse s’est voilée de ses brumes classiques,
Nos plages et nos lacs sont abandonnés ;
Novembre, tribunal suprême des phtisiques,
M’exile sur les bords de la Méditerranée…
J’aurai un fauteuil roulant « plein d’odeurs légères »
Que poussera lentement un valet bien stylé :
Un soleil doux vernira mes heures dernières,
Cet hiver, sur la Promenade des Anglais…
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Pendant que Jane, qui est maintenant la compagne
D’un sain et farouche éleveur de moutons
Émaille de sa grâce une prairie australe
De plus de quarante milles carrés, me dit-on
Et quand le sang pâle et froid de mon crépuscule
Aura terni le flot méditerranéen,
Là-bas, dans la nouvelle Galles du Sud,
L’Aube d’un jour d’été l’éveillera… C’est bien …
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