Henri Leclerc n’exerce plus comme avocat. L’octogénaire a raccroché la robe mais pas les gants. À 89 ans, le président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, est régulièrement invité dans les médias où il partage sa lecture erronée du réel. Il a récidivé avec l’affaire Nahel et les émeutes…
L’avocat des gauchistes bouge encore
Vendredi 30 juin, le célèbre avocat pénaliste, Henri Leclerc, était l’invité de l’émission « Bonjour chez vous ! » sur Public Sénat1. Après une troisième nuit de violences urbaines, déclenchées par la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre le 27 juin, le président d’honneur de la LDH a été convié pour donner « son regard sur ce qui se passe dans le pays », pour reprendre les mots de la présentatrice Oriane Mancini. Avocat pendant 65 ans, de 1955 à 2020, l’homme de 89 ans n’a rien perdu de sa faconde, de sa vivacité intellectuelle et de son charisme. Henri Leclerc en impose. Carrure massive, voix grave, esprit alerte, épaisseur intellectuelle, tout y est. Henri Leclerc a été surnommé « l’avocat des gauchistes », en raison de sa défense, devant la justice, de jeunes révolutionnaires ayant participé au mouvement de Mai 1968. Il a notamment défendu un certain Daniel Cohn-Bendit. Nous allons voir que ce sobriquet qui lui a longtemps collé à la peau peut toujours lui être attribué aujourd’hui.
Les émeutes ? Inéluctables, ma bonne dame…
« Les images sont insupportables » a-t-il déclaré au sujet de la vidéo montrant le policier tirer sur Nahel suite à un refus d’obtempérer. Tout le monde peut s’entendre sur ce fait. La mort d’un adolescent de 17 ans est toujours à déplorer. Cet événement tragique a été suivi par plusieurs nuits d’émeutes urbaines. D’ailleurs, Henri Leclerc a pris un certain temps avant d’utiliser le terme « émeutes ». Il a d’abord opté pour des termes chargés plus positivement, parlant de « révoltes », de « mouvements », voir même de « manifestations spontanées ». Il en va de même dans sa manière de désigner Nahel. Bien qu’il ait parlé une fois de « jeune homme », ce qui semble adapté pour un garçon de 17 ans, l’avocat honoraire verse généralement dans le pathos en présentant Nahel comme un « enfant » ou un « gamin ».
Ladj Ly, cinéaste pour bien-pensants
La « révolte » était selon lui « inéluctable » et pour donner du poids à son argument il se réfère au film « Les Misérables qui montre justement ça dans une banlieue ». Étonnamment, pour expliquer la situation présente, Henri Leclerc a préféré s’appuyer sur le film de Ladj Ly plutôt que sur Bac Nord de Cédric Jimenez ! Il faut dire que Les Misérables a été non seulement primé au Festival de Cannes mais encensé par Emmanuel Macron lui-même qui s’était dit « bouleversé par la justesse » du long-métrage. Bac Nord n’a pas eu la chance de recevoir les mêmes éloges, étant extrême droitisé avant même sa sortie en salles. Pendant la conférence de presse du film à Cannes en juillet 2021, un journaliste irlandais de l’AFP a reproché au film de donner envie de voter Le Pen. Un comble pour l’acteur Gilles Lellouche, qui joue dans Bac Nord, et qui en 2017 a traité Nicolas Dupont-Aignan de « grosse merde » parce que ce dernier avait décidé de soutenir la candidate du FN au second tour. Lellouche mériterait presque d’être fait membre d’honneur de la LDH à son tour !
[1] https://www.publicsenat.fr/emission/bonjour-chez-vous/lintegrale-du-vendredi-29-juin-e0