Ce flâneur salarié, pionnier du grand reportage et styliste hors pair, prix Goncourt 1922, est à redécouvrir.
En voilà un tombé dans l’oubli : Henri Béraud (1885-1958), romancier célèbre de l’entre-deux-guerres, prix Goncourt 1922 pour Le Martyre de l’obèse (réédition Albin Michel, 2016), journaliste, pamphlétaire (longue brouille avec André Gide), redoutable polémiste au style à la fois lyrique et percutant, et surtout infatigable grand reporter, à l’œil précis et à l’analyse percutante.
Les mauvais choix
Henri Béraud, bon vivant, cholestérol et acide urique toujours en hausse, a commencé sa vie à Lyon et l’a finie sur l’île de Ré. Il a été condamné à mort pour intelligence avec l’ennemi, a été gracié par de Gaulle, est passé par le bagne de Ré justement, pour finir paralysé, cloué sur sa paillasse, dans la solitude et le dénuement, avec pour compagnon le vent d’ouest qui débarbouille.
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C’est qu’il a pris de mauvaises voies, le gros Bébert, de funestes erreurs d’aiguillage, que les vainqueurs de 1945, les gaullistes en particulier, avec en tête l’amiral Muselier, traité d’ « amiral de bateau-lavoir » par l’ironique Béraud, lui ont fait payer comptant. Il a certes cumulé. Son antisémitisme. Pas
