L’affaire Ramadan
J’ai été assez étonnée, et bien seule à m’étonner, de voir avec quel unanimisme la presse a repris cette expression d’avocat : « fait évoluer sa version », dans l’Affaire Ramadan. FranceInfo, L’Obs, le Parisien, le Huffington Post, Mediapart, la liste n’est pas exhaustive :
Henda Ayari maintient son accusation à l’encontre de Tariq Ramadan : un viol avec violences multiples (étranglement, coups, crachats et morsures). Mais elle modifie le lieu et la date des faits qui se seraient déroulés, non plus début avril 2012 à l’Holiday Inn de la Gare de l’Est, mais plutôt fin mai 2012 au Crown Plaza de la Place de la République.
Autrement dit, Henda Ayari n’a pas « fait évoluer sa version » (quel serait d’ailleurs le sens de cette expression ?) ; elle a tout simplement « modifié sa version » des faits.
Ils sont plus rares, les médias qui ont choisi de présenter ainsi la chose. Sans surprise, on trouve Oumma.com :
Il y a aussi RTL, Libé, et Europe 1 :
Ou encore Le Point, qui reprend toutefois dans le corps de l’article l’expression « fait évoluer sa version » :
Certes, Henda Ayari n’est pas la seule à accuser Tariq Ramadan d’agression sexuelle. Mais elle est la première des plaignantes, celle qui a déclenché les autres plaintes. Sa maladresse sème le doute sur sa sincérité et pourrait déstabiliser toute l’accusation. Je suis peut-être islamophobe mais je ne suis pas Tariq-Ramadanophobe et, pour ma part, je ne vois pas pourquoi on partirait du principe que ce monsieur est coupable. La présomption d’innocence n’étant pas faite pour les chiens, le parti pris des médias en faveur de la présumée victime est regrettable.
En outre, on ne sait pas pourquoi Henda Ayari a choisi de modifier sa version. Les articles ne le précisent pas et ne soulèvent pas même le problème.
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En revanche, quand Tariq Ramadan avait dû revoir sa version, il était clairement indiqué partout que c’était à la suite de la découverte d’éléments à charge : « Face à ces éléments, le théologien a été contraint, fin avril, de faire évoluer sa défense et de reconnaître au moins une relation sexuelle avec Marie » (Libération) ; « Il pourrait être contraint de reconnaître une relation sexuelle avec une des plaignantes » (Europe1-le JDD). On ne dit jamais que Henda Ayari a été contrainte de revoir sa version. Il est pourtant évident que, cette modification fragilisant sa crédibilité, elle n’aurait pas pris le parti de changer le contenu de sa plainte si elle n’y était contrainte par la découverte d’éléments d’enquête rendant sa version initiale peu vraisemblable.
Mélina Boughedir, djihadiste malgré elle
La deuxième sainte femme récemment canonisée par les médias s’appelle Mélina Boughedir.
Il y a ce qu’on nous rabâche : « jeune mère de famille », « son enfant dans les bras », « une cage en bois au milieu de la salle d’audience », « procès n’a duré qu’une heure », etc. et les citations larmoyantes qui ne prouvent rien mais qui, à l’instar du célèbre « ne cesse de clamer son innocence » sont censées lourdement suggérer que la personne n’est pas coupable :
Comme toujours, il faut prêter attention aux éléments physiques ou vestimentaires sélectionnés par les journalistes. L’allusion au « foulard violet fleuri » heurte implicitement l’image de la salafiste en burka et a vocation à stimuler l’empathie.
Et il y a les autres informations, qu’il faut aller pêcher :
>>> Lisez la suite de l’article sur le blog d’Ingrid Riocreux <<<
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