Accueil Édition Abonné Harold Hyman: «L’image que projette d’elle-même la vie occidentale est trop souvent celle d’un simple supermarché consumériste»

Harold Hyman: «L’image que projette d’elle-même la vie occidentale est trop souvent celle d’un simple supermarché consumériste»

Entretien avec Harold Hyman (2/2)


Harold Hyman: «L’image que projette d’elle-même la vie occidentale est trop souvent celle d’un simple supermarché consumériste»
Hillary Clinton, devant des messages de soutien affichés à Orlando, à la suite de la fusillade du 12 juin 2016 dans une discothèque homosexuelle revendiquée par Daesh, 22 juillet 2016 © Andrew Harnik/AP/SIPA

Figure reconnaissable entre mille, Harold Hyman est le Monsieur Relations Internationales de CNews. Lunettes rondes à monture épaisse, bretelles rouges bien en évidence, son érudition et sa capacité à transformer une carte en un récit captivant ne sont plus à démontrer. Causeur a voulu savoir comment un Américain a pu – et voulu – s’imposer aux médias français et quelles sont ses préoccupations majeures quand il regarde le monde contemporain en face. Propos recueillis par Alix Fortin et Jeremy Stubbs.


Relire la première partie de l’entretien

Causeur. Dans quelle mesure, la montée de l’islamisme justifie-t-elle la notion d’un « choc des civilisations » popularisée par Samuel Huntington dans un livre datant de 1996 et rarement cité aujourd’hui ?

Harold Hyman. Huntington avait raison quand il soutenait que la démocratie et les valeurs occidentales n’intéressaient pas le Moyen Orient. Les puissances occidentales s’illusionnaient à cet égard. Car au Moyen Orient les classes moyennes montantes, à la différence des élites occidentalisées, ne voulaient pas de cet Occident décadent. Jusque-là, je suis l’analyse de Huntington, mais je n’accepte pas les conclusions qu’il en tire. Selon lui, il faut diviser le monde en cinq grandes zones d’influence – cinq grosses patates ! Chacun restera dans sa patate et on parlerait de patate à patate, afin d’éviter des guerres inutiles. C’est une vision de la stratégie réduite à un jeu de société pour adolescents. Huntington croyait que cette division du monde en patates serait apte à réduire la menace islamiste dans la mesure où les musulmans seraient moins frustrés. Si les Occidentaux leur faisaient moins de leçons de savoir-vivre politique, la tension diminuerait. Je pense à l’immense erreur d’Obama qui s’excuse devant les étudiants d’Al Azhar pour l’impérialisme américain d’autrefois, tout en les montant contre l’allié Hosni Moubarak. 

Huntington a disparu trop tôt pour voir qu’un deuxième volume manquait à son œuvre, car le bloc musulman n’est plus sous influence culturelle occidentale exclusive, et se retrouve en guerre, également avec lui-même. Aujourd’hui, l’islamisme est un danger énorme pour les sociétés occidentales, vu l’immigration de masse illégale qui se fait en bateau, en camion, en train, à pied. Certes, le monde a toujours connu de l’immigration dans


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Harold Hyman est franco-américain, élevé à New York, ancien du « Lycée » français de New York, diplômé de Columbia University et l’Université de Montréal. Il s’installe définitivement à Paris en 1988. Journaliste à Reader’s Digest, puis RFI, Radio Classique, BFMTV, actuellement CNEWS. Il a couvert l’Extrême-Orient, les États-Unis et le Moyen-Orient. Auteur de Géopolitiquement correct & incorrect (éditions Tallandier, 2014) puis de États-Unis: Tribus américaines (éditions Nevicata).

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