Le visage parle, les mains dévoilent, et parfois trahissent : la nervosité ou la nonchalance, la distance ou l’intimité, la confiance ou l’effroi, la hâte de vivre ou l’envie de fuir. Tout cela, on le voit dans les clichés d’Hannah Assouline exposés jusqu’au 24 mai à la mairie du Vème arrondissement, grâce à la complicité de la maire Florence Berthout. On n’y découvrira pas seulement une quarantaine des portraits d’écrivains que cette amie – qui est en quelque sorte la photographe officielle de Causeur – a publiés depuis trente ans. Pour la première fois, ces visages dont beaucoup nous sont familiers, dialoguent avec « leurs » mains. Et le résultat est saisissant, sans qu’on sache vraiment expliquer pourquoi. Ses préférées : les mains tourmentées et impétueuses d’Alain Finkielkraut, et celles, fines et élégantes, de Françoise Sagan. Mais on croise aussi Claude Lévi-Strauss, James Ellroy, Amos Oz, ou encore Erri de Luca dont les mains racontent sa vie de maçon.
Tout a commencé dans une usine du Jura où elle se trouvait en reportage. « Je ne savais pas quoi montrer et j’ai remarqué que tous les ouvriers empaquetaient leurs mains dans des chiffons pour les protéger des coulures d’huile. Alors j’ai photographié leurs mains. » Ces mains qui racontaient des vies de travail. Plus tard, Hannah Assouline a commencé à photographier des écrivains, alors elle a eu l’idée de poursuivre et de leur demander leurs mains. . . La plupart acceptent, mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne leur est pas plus facile de montrer leurs mains que leur visage. Et pourtant, on partage tous l’illusion que le regard ouvre un accès direct à l’âme. En sortant de l’exposition d’Hannah Assouline, on se promet de ne plus négliger le chemin plus tortueux et plus secret que dessinent les mains des hommes.
Portraits d’écrivains, Mairie du Vème arrondissement, Place du Panthéon, Paris – Ouvert de lundi à mercredi de 11 heures à 18 heures 30. Entrée libre.
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