À la différence de toute une jeunesse qui s’enferme dans les origines, le communautarisme ou l’islam radical, la jeune Iséroise Hanane Mansouri nous dit qu’elle ne s’est « jamais considérée comme une Marocaine en France ». Félicitations à elle: la voilà députée LR-RN!
C’est en novice qu’Hanane Mansouri est arrivée et a pris place au palais Bourbon, lundi. À vingt-trois ans, elle fait partie de ces nouvelles jeunes pousses – avec Flavien Termet, vingt-deux ans, élu sous l’étiquette RN dans les Ardennes – du Palais Bourbon. Elue députée de la 8e circonscription de l’Isère dimanche dernier sous l’étiquette LR-RN, la jeune femme ne s’attendait pas du tout à connaître une ascension aussi rapide : « Honnêtement non, le contexte était tellement particulier. Je n’aurais jamais pensé être élue député aussi vite ».
Cadre des Républicains, elle était adjointe de Guilhem Carayon à la tête de la section jeune du parti, lequel était un partisan de longue date de l’Union des droites puisqu’il avait posé en 2023 à la Une du magazine L’Incorrect avec Stanislas Rigault et Pierre-Romain Thionnet1. Elle n’a pas hésité à suivre son patron Éric Ciotti quand ce dernier a annoncé son ralliement au bloc de droite au 13h de TF1 : « Quand Éric Ciotti a annoncé la formation d’une alliance, je n’ai pas hésité un instant. Les circonstances et le danger de l’extrême gauche imposaient d’aller vite » explique-t-elle. Une réaction de circonstance, face à la montée du Nouveau Front populaire, alors ? « C’est une conviction ancienne ! Face à l’extrême gauche, j’ai toujours été pour l’union des droites au sein du parti. » Une conviction certes ancienne chez la jeune femme mais qui exprimée en public au sein du parti valait (vaut peut-être encore) exclusion… « Je l’ai dit très honnêtement, y compris au sein du bureau national des Jeunes Républicains alors qu’il y avait des adversaires résolus de ce type d’alliance. » Hanane Mansouri n’a pas l’air encore à l’aise avec la duplicité politique ou la langue de bois. C’est d’abord une militante convaincue : candidate sur un canton grenoblois pour les départementales de 2021, active dans son université auprès du syndicat étudiant de droite UNI, elle a aussi découvert le parlement grâce à des stages auprès de sénateurs LR.
« Arabe de service »
Echirolles, sa ville natale, s’est fait remarquer il y a un peu plus de dix ans par un sordide fait divers, au point d’inspirer une chanson à Calogero. L’insécurité et la pauvreté faisaient de sa circonscription une terre d’élection favorable. Jordan Bardella y avait obtenu près de 45% aux européennes. Finalement, elle a brillamment remporté le scrutin au second tour avec 54.10 % face à la candidate écologiste. La politique n’a jamais été de tout repos pour elle. Déjà, en avril 2022, son sort avait attiré l’attention au-delà du Dauphiné quand elle avait fait l’objet d’une agression qui lui avait valu six jours d’ITT. Plus récemment, une sinistre affaire lui a valu une certaine publicité dans les médias nationaux. « Arabe de service », « beurette », « sale serpillère » et on en passe… Une volée d’insultes racistes accompagne son annonce de candidature sur X. D’où viennent ces attaques ? « Des anonymes, quelques personnes qui partagent sur leur profil de la propagande d’extrême gauche », assure-t-elle. Pas de quoi intimider toutefois la candidate qui en a vu d’autres : « Je m’y attendais, cela conforte surtout dans l’idée que je mène le bon combat. »
Nous y venons : derrière une carrière bien engagée, qu’est-ce qui a pu motiver initialement l’engagement militant très à droite de cette jeune femme au profil assez atypique qui n’hésite pas à contrarier certains préjugés sur les comportements électoraux des enfants de l’immigration ? Si elle reste assez pudique sur sa famille comme sur ses origines, elle admet que son engagement est au diapason d’une éducation pas forcément conscientisée à droite mais très portée sur le travail et l’effort. Il y a eu aussi certaines crispations et blessures : « Mon désir d’engagement politique est intervenu au lycée alors que de nombreux enseignants m’expliquaient que l’on ne pouvait pas réussir en ayant mes origines, mon nom, ma couleur… Or c’est faux, j’ai pu suivre des études et arriver ici. On me parle aussi de contrôles au faciès : je n’ai jamais eu de problème avec la police. Ce n’est pas une question de couleur mais d’éducation ». Il y a des ados qui peignent leur chambre en noir pour contester l’autorité de leurs parents ; pour contester la culture de l’excuse développée par les profs de gauche, Hanane Mansouri a pris sa carte aux LR et à l’UNI en se revendiquant « gaulliste, conservatrice et libérale ».
Bobards de gauche
Violences policières, racisme systémique… la jeune femme dénonce sans trop de complexes des bobards : « Je connais bien la culture marocaine. Je vais régulièrement en vacances au Maroc. Aussi je peux dénoncer le discours victimaire dans lequel on élève les jeunes issus de l’immigration car je peux constater qu’il ne se vérifie pas dans les faits. Si l’on est correct et bien élevé, les choses se passent bien. » Elle applique finalement cette vieille maxime qui veut qu’à Rome, l’on fasse comme les Romains : « Je ne me suis jamais considérée comme une Marocaine en France. » La jeune génération est-elle unanime à tenir ce discours ? Comment expliquer les ratés de l’intégration ? « On parle plus de droits que de devoirs avec toute la philosophie de la victimisation intellectualisée par une élite de gauche. On entend qu’un Etat raciste leur en veut… et puis il y a la question plus difficile du nombre : l’effet de masse fait que de nombreux immigrés restent en gros et gardent leurs coutumes. » La jeune femme n’a pas la langue dans sa poche ; son profil la met aussi à l’abri de certaines accusations.
En politique, l’identité personnelle, les origines comme le sexe peuvent parfois être des atouts. Rama Yade, Rachida Dati, Najat Vallaud-Belkacem : depuis le début des années 2000, beaucoup de jeunes femmes politiques ont été érigées par les médias ou leurs partis en symboles de la diversité et de l’intégration (sans qu’elles l’aient toujours demandé).
Au cours de notre échange, Hanane Mansouri insiste à plusieurs reprises sur ce point : elle n’entend être l’Arabe de service de personne. « Je ne souhaite pas que mon mandat soit concentré uniquement sur la justification du fait d’être une femme d’origine maghrébine à droite » assure-t-elle. Avant de préciser : « Même si je veux évidemment lutter contre le communautarisme, le wokisme et tout ce qui concerne ces dérives. Notamment la propagande LGBT pour les jeunes enfants. » À ce titre, c’est dans la commission éducation et culture qu’elle aimerait siéger. Son profil comme son parcours devraient susciter l’intérêt. Elle a en tout cas arrêté un objectif : être autre chose qu’une origine. En politique comme dans la vie, il est de toute façon conseillé aux ambitieux d’aller de l’avant.
- https://www.causeur.fr/droite-incorrect-lr-reconquete-et-rn-coupent-le-cordon-sanitaire-255627 ↩︎