Chez nos voisins du nord, on aime aussi beaucoup comparer les juifs aux nazis, comme un certain comique de chez nous.
La gauche belge, qui n’échappe pas plus à l’antisémitisme que l’ensemble de la gauche européenne, ne se cache plus. Lors de l’attaque du Hamas, apte, par sa férocité, sa cruauté et sa bestialité, à révulser tout être humain, elle a voulu « contextualiser » les faits quand il ne s’agissait pas, purement et simplement, de renvoyer dos-à-dos agresseur et agressé. Certains voient dans cet antisémitisme le prix à payer à leur nouvel électorat, d’autres rappellent que la gauche, dans ses textes fondateurs, est ontologiquement antisémite. N’oublions pas que le capital est, comme chacun sait, entre les doigts – crochus – des Juifs en général et d’Israël en particulier !
Mais cet antisémitisme socialiste assumé a fini par faire revenir dans nos mémoires la seconde moitié des années trente allemandes. Les reductio ad Hitlerum sont le plus souvent sans objet et même franchement casse-pieds, mais force est reconnaître qu’en ce cas, il y avait un cousinage des plus malsains.
Inversions accusatoires
Dans ce cas, il existe pour se défendre une technique éprouvée : l’accusation inversée. Pour ceux qui ne connaîtraient cette étonnante stratégie, voici un bref explicatif. Vous cognez régulièrement votre femme et vous sentez une réelle désapprobation poindre dans votre entourage. Vous ne faites ni une, ni deux, vous accusez votre épouse d’être violente. Sur un malentendu, ça peut marcher, comme disaient les Bronzés.
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Deux leaders socialistes belges ont donc pensé qu’ils tenaient là la tactique idoine pour se dédouaner. Leur antisémitisme, rebaptisé antisionisme, évoque pour beaucoup une parenté avec le nazisme ? N’hésitons plus et accusons sans vergogne les Israéliens de nazisme !
Et il ne s’agit pas de troisièmes couteaux du Parti Socialiste ! Tout d’abord, André Flahaut, ancien ministre de la Défense et ancien président de la Chambre, a jugé judicieux de tweeter que « Gaza aujourd’hui, c’est Varsovie hier », faisant référence au tristement célèbre ghetto de Varsovie, où des dizaines de milliers de Juifs arrêtés furent envoyés à Treblinka. Pour la petite histoire, l’actuelle présidente de la Chambre, Éliane Tillieux, socialiste elle aussi, a “aimé” la publication d’André Flahaut, puis s’est rétractée.
André Flahaut n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Il adore comparer Israël au IIIème Reich, c’est son grand passe-temps. En 2008 déjà, lors d’une manifestation pro palestinienne, il avait établi une comparaison entre la politique d’Israël et le nazisme et fut d’ailleurs condamné pour cela à la suite d’une plainte du CCOJB (Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique).
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Le deuxième larron à tenter l’accusation inversée pour se dédouaner de sa puante compassion pour les terroristes gazaouis est Jean-Pascal Labille, ancien ministre fédéral. Le PS l’a recasé comme secrétaire général de Solidaris, la puissante mutualité socialiste. Et donc ce distingué Secrétaire général a posté sur les réseaux sociaux un visuel assez explicite où l’enclave palestinienne, dégoulinante de sang est mitraillée par Tsahal sous le regard bienveillant de l’UE et des États-Unis. Sur les murs de cette enclave est dessinée l’étoile de David mélangée à une croix gammée. Jean-Pascal Labille s’est depuis excusé parce qu’on l’avait mal compris. Ce qui est assez curieux, d’ailleurs. Moi, quand on me comprend mal, je ne m’excuse pas, je répète.
Aphrodisiaque
Et puisqu’à l’instar des LFI, les socialistes belges souhaitent à toute force établir des comparaisons avec l’Allemagne nazie, je leur proposerais plutôt de visionner les images de l’aéroport du Daguestan où des hordes de musulmans, ayant appris l’atterrissage d’un avion en provenance d’Israël, se sont livrés à une chasse aux Juifs qui rappelle avec insistance les rafles chères aux Nazis et les pogroms qui suivirent.
Mais les socialistes partagent avec nos invités du désert une haine irrationnelle contre Israël, que beaucoup d’entre eux seraient incapables de situer sur une carte. Après tout, Hassan II n’affirmait-il pas que « le conflit israélo-palestinien est l’aphrodisiaque des pays arabes » ? Si ça se trouve, nos socialos ramollis ont simplement envie de bander !
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