Accueil Édition Abonné Autorité palestinienne: Ne pas changer une communication qui gagne

Autorité palestinienne: Ne pas changer une communication qui gagne

Du Hamas à Mahmoud Abbas


Autorité palestinienne: Ne pas changer une communication qui gagne
Des amis des disparus du festival de musique de Reïm leur rendent hommage sur la plage, à Tel Aviv, 11 novembre 2023 © Oded Balilty/AP/SIPA

Mais pourquoi donc Mahmoud Abbas, qui exècre le Hamas, semble-t-il en faire la promotion dans sa communication ? Un sondage apporte toutes les réponses. « Après avoir nié la réalité de la Shoah, Mahmoud Abbas nie celle du massacre du 7 octobre. Il ne dirigera jamais Gaza », a estimé de son côté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.


L’Autorité palestinienne a perdu Gaza au profit du Hamas en 2007. Ce coup d’état militaire a coûté la vie à près de 200 fonctionnaires considérés par les révolutionnaires hamastiques comme « collaborateurs » du corrompu en chef, Mahmoud Abbas. Depuis 16 ans, tous les sondages montrent que si des élections étaient organisées en Cisjordanie, le Hamas ne ferait qu’une bouchée de ce qui reste de pouvoir au cacique héritier de Yasser Arafat. C’est pourquoi Abbas, « Abou Mazen » pour les intimes, a eu la prudence de n’en organiser aucune, ce qui lui permettra, le 9 janvier prochain, de fêter gaillardement le dix-neuvième anniversaire de son mandat de quatre ans.

Un des critères qui avait incité Arafat à le nommer Premier ministre, en mars 2003, était sa thèse révisionniste, rédigée en russe à Moscou, dans laquelle il expliquait que la Shoah, responsable de moins d’un million de morts, avait été conçue par les Juifs pour faciliter la création de l’État d’Israël[1]. Passé de vizir à président à la mort d’Arafat (le 11 novembre 2004 à Paris), Abbas a constaté que le mensonge payait et il en a fait sa stratégie unique de communication depuis lors.

Entre deux ennemis, choisir le moindre

À part pour les mensonges et la corruption[2], Abou Mazen n’est pas doué pour grand-chose. S’il a considéré qu’il valait mieux soutenir le Hamas qu’Israël dans sa communication après la tentative génocidaire du premier contre le deuxième, il faut y voir une manœuvre politicienne conforme aux résultats d’un sondage, à l’instar de celle du président français contredisant, en anglais, à la télévision britannique, ses propos tenus la veille en français dans l’Hexagone[3].

Mahmoud Abbas, lui, a recouru à sa formule unique : célafautojuifs. En l’espèce : « les hélicoptères israéliens » ont tué les 364 jeunes qui assistaient au festival de musique Nova, ce que le Hamas a repris en le multipliant : « massacre commis par un avion de guerre israélien[4] ». Certes, le premier hélicoptère de Tsahal n’a décollé qu’à 11h12, alors que le massacre a commencé à 6h30, mais « les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n’ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas. »[5]

La Terre n’est pas plate et l’armée israélienne n’a pas tué ses citoyens

Même si l’accusation, qui ajoute l’insulte à l’injure, n’était destinée qu’au marché intérieur palestinien, le Premier ministre israélien a tenu à la démentir, pour ne la laisser sans contradiction vis-à-vis des marchés nazislamistes occidentaux, qui sont friands de références complotistes antijuives. Netanyahou a donc déclaré, dans un message vidéo : « Le ministère palestinien des Affaires étrangères a publié un message scandaleux. Il a nié le fait que le Hamas ait perpétré le terrible massacre à Reïm et le rejette sur Israël. »[6]

À lire aussi, du même auteur: Ahed Tamimi: la haine dévoilée

Rappelant qu’inverser la responsabilité du bourreau sur la victime était une méthode brevetée Abou Mazen, Netanyahou s’est ému que 44 jours n’aient pas suffi pour que le président légitimement élu de l’Autorité palestinienne trouve le temps de condamner ce pogrome (ce qu’il se serait empressé de faire s’il avait eu plus tôt l’idée de l’attribuer à Tsahal) et il a ajouté : « nous ne permettrons pas à ceux qui nient le terrorisme, soutiennent le terrorisme, financent le terrorisme et éduquent leurs enfants au terrorisme et à la destruction de l’État d’Israël, de gouverner dans la Bande de Gaza. Nous ne le permettrons pas. »

« Palestinien » et « lucide » ne sont pas forcément antithétiques

Bassam Tawil, un journaliste arabe musulman basé au Moyen-Orient, en est la preuve. « La rhétorique et les actions de l’Autorité palestinienne montrent qu’elle partage avec le Hamas la responsabilité du massacre du 7 octobre. L’Autorité palestinienne et le Hamas ont inculqué à toute une génération de Palestiniens la glorification du terrorisme et l’impératif d’assassiner des Juifs et d’éliminer Israël. Comment une personne rationnelle peut-elle parler d’une « solution à deux États » alors qu’une majorité de Palestiniens pense qu’il n’y a rien de mal à brûler, décapiter et violer des Juifs, ou à faire mourir un bébé juif dans un four ? »[7] a-t-il écrit, le lendemain de l’affirmation surréaliste de Mahmoud Abbas. M.Tawil rendait compte d’un sondage réalisé par AWRAD (le monde arabe pour la recherche et le développement), effectué le 14 novembre 2023 auprès de la population palestinienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza[8]. Ses résultats montraient que 59,3% des Palestiniens soutiennent « sans réserve » les actions du Hamas le 7 octobre, que 15,7% les soutiennent modérément et que moins de 13% s’y opposent. 87,7% des Cisjordaniens apprécient le Hamas, alors que seulement 10,2% d’entre eux le désapprouvent.   

Enfin, n’en déplaise aux dirigeants occidentaux parfois plus palestinolâtres que les Palestiniens, 80% des Palestiniens rejettent la « solution à deux États », car ils exigent l’ensemble du territoire : « du fleuve à la mer », autrement dit l’intégralité de l’État d’Israël, quelles que soient les frontières. 

Est-ce qu’un seul média mainstream, à part Causeur, osera parler de ce sondage aux Français ?


[1] new.wymaninstitute.org/2003/03/a-holocaust-denier-as-prime-minister-of-palestine/

[2] www.lemonde.fr/panama-papers/article/2016/04/19/panama-papers-la-fortune-offshore-de-l-autorite-palestinienne_4904833_4890278.html

[3] www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/guerre-entre-israel-et-le-hamas-pourquoi-emmanuel-macron-a-du-s-expliquer-apres-ses-propos-sur-les-bombardements-de-civils-a-gaza_6180996.html

[4] i24news.tv/fr/actu/israel-en-guerre/1700414765-l-autorite-palestinienne-pretend-que-la-tuerie-du-festival-nova-a-ete-causee-par-tsahal

[5] Marcel Proust, À la recherche du temps perdu.

[6] https://youtu.be/LPvwJliCUSw

[7] www.gatestoneinstitute.org/20155/palestinians-support-hamas

[8] www.awrad.org/files/server/polls/polls2023/Public%20Opinion%20Poll%20-%20Gaza%20War%202023.pdf




Article précédent Salle des fêtes de Crépol: rixe ou razzia?
Article suivant Vous qui en avez marre du cinéma bienpensant…
essayiste, conférencière, traductrice, auteur de plus de 30 ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération