Un Halloween woke, ça ressemble à quoi ? Cette année, des écoles américaines annulent des festivités, car la fête effrayante est accusée d’être injuste envers les enfants pauvres, et certaines minorités culturelles ou raciales marginales.
Pas un seul jour ne passe sans qu’un événement, une production culturelle ou artistique, quelque chose ou quelqu’un ne passe à la moulinette du wokisme, cette nouvelle idéologie de la gauche radicale américaine qui se diffuse lentement mais sûrement dans les mentalités occidentales à coup de révisionnisme historique et de cancel culture.
Plus l’époque avance et plus le wokisme rallonge la liste noire des œuvres, évènements, personnalités incriminées ou tout simplement soupçonnées de racisme sur lesquels la censure néo-maccarthiste s’abat. Dernière victime en date de cette chasse aux sorcières : la fête d’Halloween.
Les élèves de couleur seraient marginalisés
Depuis le début octobre, certaines écoles américaines annoncent l’annulation de la traditionnelle fête des morts et de ses célèbres défilés de citrouilles. C’est par exemple le cas à l’ouest du pays dans une école primaire de Seattle, la Benjamin Franklin Day Elementary School, qui n’organisera pas cette année la fameuse « Pumpkin Parade » pourtant très appréciée des enfants. Son directeur, Stanley Jaskot, défend le bien fondé de cette annulation qu’il juge nécessaire afin que l’école reste fidèle à sa politique d’inclusion. Dans une déclaration rapportée par la chaine Fox News, Jaskot explique qu’il est de son devoir de ne pas « marginaliser les élèves de couleur qui ne célèbrent pas cette fête». Un peu après, il révèle pourtant que ce sont ces derniers qui s’excluent volontairement en demandant de s’isoler. Mais peu importe si ce retrait leur appartient et résulte d’un choix individuel : tout se passe comme si la faute était collective et que l’inclusion ne pouvait passer que par la suppression.
Au centre du pays, plusieurs écoles du Michigan ont également annulé les festivités, brandissant de leur côté l’argument de la justice sociale, après avoir constaté que certains enfants issus de familles précaires venaient à l’école sans déguisement. Mais derrière ces justifications de façade, on voit poindre l’argument massue et redoutable en matière d’intimidation morale : celui de la lutte contre « le racisme systémique » et son cortège de stéréotypes et de discriminations raciales qui seraient structurellement ancrés dans la société et la culture américaines, et plus généralement dans la culture occidentale.
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Rappelons-le, avant d’être cette orgie commerciale où le secteur des parcs d’attraction et du divertissement rendent l’horreur festive, Halloween est cette fête traditionnelle, profondément ancrée dans les mœurs nord-américaines depuis l’arrivée des colons irlandais qui ont amené dans leurs bagages cette coutume celte destinée à chasser les mauvais esprits en se déguisant et en faisant des feux de joie. Selon la grille de lecture du fanatisme woke qui interprète le monde en termes raciaux, Halloween est vécue comme une tradition importée par des blancs et imposée aux minorités qui ne partagent pas cette culture.
Autrement dit, considérée comme la manifestation du « privilège blanc » et donc trop offensante pour les minorités, Halloween doit être sacrifiée sur l’autel du wokisme victimaire ! Par respect pour la diversité des cultures et pour favoriser la justice raciale, cette fête doit être purement et simplement effacée.
Et les minorités adeptes du vaudou, vous y avez pensé?
C’est tout le propos de Henry Louis Taylor, professeur spécialiste du genre et de la race et directeur du département des études sur l’urbanisme social à l’université de Buffalo (ouest de l’État de New York), qui s’indigne, comme le rapporte un article du Washington Times, contre les costumes de fantômes et autres créatures qu’ils jugent blessants pour les minorités haïtiennes et leurs pratiques du vaudou. En passant, il ne manque pas de brocarder la “blanchité” et le calendrier judéo-chrétien sur lequel se fondent les vacances scolaires, ce qu’il juge également offensant au regard de la société multiraciale que sont devenus les États-Unis.
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Un dernier motif est également mis en avant pour justifier l’annulation d’Halloween dans les écoles. C’est la tarte à la crème woke de l’”appropriation culturelle”, concept qui peut se définir comme le fait de s’accaparer sans autorisation des coutumes étrangères, autrement dit en langage militant comme un « vol d’identité »… Les militants ont investi ce concept tiré des colonial studies dans les facs américaines, et utilisent Halloween comme nouvelle caisse de résonance pour faire entendre leurs indignations. Leur combat se résume à un slogan « Ma culture n’est pas un costume ». Le plus grand crime à leurs yeux, c’est que les enfants se déguisent en chef sioux ou en Pocahontas pour Halloween. « Halloween peut également s’accompagner de préjudices, tels que des élèves se rendant à l’école avec des costumes qui ne sont pas appropriés, tels que des costumes des Premières Nations ! » pestait il y a quelques jours la responsable de la réussite et du bien-être dans une école de la ville de Waterloo située dans l’État de New York (Est des États-Unis).
Fini de plaisanter
Sous l’ère du wokisme, plus question de se déguiser en n’importe quoi et n’importe comment pour s’amuser. Le déguisement, c’est du sérieux avec des costumes appropriés et d’autres qui ne le sont pas. La ligue antidiffamation, l’ADL, a d’ailleurs vivement incité dans un tweet les parents à « éclairer l’esprit de leur enfant sur la richesse de l’héritage culturel amérindien », si ces derniers souhaitent vraiment se déguiser en Indiens. Notons que cette association, créée à l’origine pour lutter contre l’antisémitisme, s’est laissée depuis quelque temps happer par ces revendications folles des minorités ethniques et sexuelles.
Si l’on suit cette effrayante logique de l’appropriation culturelle, les Irlandais devraient réclamer le droit exclusif de célébrer Halloween et exiger réparation à l’ONU pour l’usage hypercommercial que tous les pays, à commencer les États-Unis, font de leur fête païenne. Mais étant donné que l’appropriation culturelle se fait à sens unique, que les lésés sont toujours du côté des minorités ethniques et les vandales du côté de l’occident blanc, les militants woke peuvent dormir l’esprit tranquille. Parmi les costumes qui ont la cote cette année, pas l’ombre d’une plume ! D’après les recherches Google, les Américains vont plutôt privilégier les costumes de personnages de blockbusters comme Harley Quinn, l’héroïne du film ”Suscide squad”, interprétée par Margot Robbie. Reconnaissons de toute façon que ce n’était pas avec un pauvre arc et quelques flèches qu’on pouvait espérer rivaliser avec un Frankenstein et être le plus effrayant possible, ce qui reste l’objectif numéro 1.