Être parent ne présage évidemment en rien de nos capacités politiques !
Existe-t-il des données ou des indicateurs objectifs qui permettent de s’assurer de la qualité d’un homme politique ? Peut-on tracer le portrait type du bon dirigeant et si oui, la vertu est-elle le gage d’une politique efficace et adaptée ? Faut-il avoir des enfants pour se projeter dans l’avenir et ne pas finir dévoré par le narcissisme et épuisé par la jouissance ? En tout cas, selon Guillaume Peltier, « la mode des politiques qui n’ont pas d’enfants » est inquiétante. Selon le numéro 2 sur la liste de Reconquête aux européennes, « avoir des enfants est un message politique (…) C’est la garantie de sérieux, de concret par rapport au présent, par rapport à l’avenir. C’est la certitude que la valeur de transmission va l’emporter sur la valeur de l’ambition. »
Marié, cinq enfants
Qu’en termes galants ces choses-là sont dites. Ce type de communication politique, faussement empreinte de bon sens mais qui ne fait qu’aligner les clichés les plus éculés sans se soucier de leur pertinence, est souvent le degré zéro à la fois de l’intelligence et de l’honnêteté. À écouter Guillaume Peltier, une société où les adultes seraient en majorité des parents devrait être un havre de paix où le souci de l’avenir l’emporterait sur les satisfactions du présent, où l’on penserait autant aux autres qu’à soi. Il se trouve que la plupart des humains ont des enfants et que nos sociétés ne semblent pas avoir trouvé dans l’enfantement, la recette des rapports sociaux harmonieux. Les choses semblent être bien plus compliquées.
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C’est oublier que le rapport à l’enfant a aussi sa part d’égoïsme. L’enfant ce n’est pas l’oubli de soi, c’est aussi l’espoir de ne pas s’effacer complètement du monde même si on sait ne pouvoir échapper au tragique de la condition humaine. C’est omettre également dans le raisonnement que c’est souvent au nom de la famille, de la loyauté au clan que l’individu peut aussi justifier des conduites déviantes ou le fait de faire passer l’intérêt des siens avant l’intérêt général. L’existence d’une famille peut ainsi au contraire être vue comme un risque de népotisme qui détournerait l’homme de pouvoir de ses devoirs envers la Cité.
On met souvent en avant, dans la République romaine, l’honneur des pères qui n’hésitèrent pas à exécuter leur fils pour avoir gravement manqué aux lois de Rome ou à la discipline militaire. Il s’agit ici de mettre en scène le sens du devoir des dirigeants, en montrant que l’homme dévoué à l’État et au bien public, fait passer ceux-ci avant sa famille. Autrement dit, ces mythes ou histoires édifiantes font du lien familial, un risque pour l’intérêt général et non un atout pour y accéder, contrairement au discours de Guillaume Peltier.
Churchill, Roosevelt et Hitler
Avoir ou non des enfants est une décision intime, et parfois n’est pas de l’ordre de la décision. Certains couples n’y arrivent pas, d’autres ne le peuvent pas, d’autres enfin ne le souhaitent pas. Etre père ou mère n’est pas un gage d’équilibre mental, de maturité et ne présage en rien de nos capacités, cette donnée n’est pas signifiante. Je me souviens d’un message qui circulait sur internet lorsque j’étais plus jeune, il s’agissait de choisir le meilleur dirigeant entre ces trois profils : le premier était alcoolique, sujet à la dépression et piètre gestionnaire de ses deniers. Le second était atteint d’une maladie invalidante, mentait sur sa santé et était connu pour tromper sa femme. Le troisième était sobre, en bonne santé et n’avait qu’une seule compagne. A priori, le bon sens pousse à choisir le 3ème profil. Porteur de toutes les garanties en termes de tenue et de bienséance. Sauf que le premier personnage est Churchill, le second Roosevelt et le dernier, Hitler.