A Moscou, Vladimir Poutine célèbre les résultats des référendums qui, selon lui, justifient l’annexion à la Russie des territoires de l’est de l’Ukraine. Pourtant, au même moment, les forces ukrainiennes semblent sur le point de prendre la ville de Lyman, dont la perte serait un revers stratégique important pour les forces russes et pro-russes dans la région.
Une manœuvre d’encerclement ukrainienne sur le front du Donbass est sur le point de couper la ville de Lyman, occupée par les forces russes et pro-russes de leurs arrières. Si l’opération réussit et les forces russes n’arrivent pas à briser le siège, les Ukrainiens pourraient prendre la ville et accomplir la reconquête de la région de Kharkiv. Ainsi, les forces ukrainiennes seraient en bonne position pour menacer voire percer la ligne tenue par les Russes le long des rivières Oskil et Donets. Kiev pourrait alors envisager la reconquête de la région de Severodonetsk-Lysychansk, prise par Moscou en juin.
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Les milblogueurs (spécialistes des affaires militaires russes et pro-russes publiant sur Telegram et autres réseaux sociaux) et des correspondants militaires de premier plan cités par l’Institute for the Study of War, think tank américain spécialisé dans les questions de défennse, expriment ouvertement leur inquiétude suite aux avancés des Ukrainiens autour de Lyman. Selon eux, les forces russes dans cette zone pourraient faire face à une défaite imminente. Ils ont constaté que les troupes ukrainiennes ont avancé à l’ouest, au nord et au nord-est de Lyman et qu’elles s’efforcent d’achever l’enveloppement du dispositif militaire russe dans et autour de la bourgade qui comptait avant la guerre un peu plus de 20000 habitants. L’importance de cette localité est facile à deviner du fait que Lyman accueille le siège de l’entreprise « Réseau ferré de Donetsk ». Les troupes ukrainiennes menacent depuis quelques jours déjà les positions russes et les lignes de communication qui soutiennent le dispositif russe de Lyman. Cependant, les Russes à Lyman ne reculent pas, ce qui laisse croire qu’ils appliquent l’ordre donné par le chef de l’État suite aux défaites des dernières semaines, interdisant à ses troupes tout retrait.
Un effondrement de la poche de Lyman aurait des conséquences importantes pour le dispositif russe dans l’ensemble du nord de l’oblast de Donetsk et de l’ouest de l’oblast de Luhansk. Ainsi, au moment où à Moscou on fête l’annexion de ces régions à la Russie, sur le terrain l’armée ukrainienne est sur le point de reprendre une partie de ces territoires et, plus important encore, de mettre sérieusement en doute la capacité des forces russes et pro-russes de les tenir. Trois semaines après la contre-offensive ukrainienne dans l’est de l’Ukraine, Kiev ne cesse d’exploiter sa victoire et pousser son avantage.
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La Russie continue à opposer une résistance ferme et organisée à la fois à l’est et au sud dans la région de Kherson mais la stratégie ukrainienne semble marcher : maintenir la pression sur un adversaire fatigué et empêtré dans des problèmes de logistique, de moral et de commandement. Pour le moment, selon l’information disponible, il est difficile d’envisager une prise d’initiative importante du côté russe avant plusieurs semaines voir quelques mois.
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