L’essayiste et romancier dénonce le combat des néoféministes contre la gent masculine en général et la figure du père en particulier. Heureusement, dans la vraie vie, les hommes et les femmes continuent à se rencontrer, s’aimer, se quitter, se partager les contraintes, éduquer les enfants. Tout en sachant que la domination est intrinsèque à la séduction…
Causeur. Maintenant que nous sommes débarrassés de la domination masculine, nous devrions vivre une période bénie de rapports harmonieux entre les sexes, délivrés de ce que vous appelez le diptyque soumission pour les femmes et domination pour les hommes. Or on observe plutôt une guerre des sexes. Comment expliquer ce paradoxe ?
Jean-Michel Delacomptée. Il faudrait d’abord s’entendre sur ce qu’on entend par domination masculine. Mais disons pour l’instant que nous en sommes (presque) débarrassés. Le même effort devrait être entrepris pour définir ce qu’on entend par soumission. Mais là encore, faisons momentanément comme si le sens de ce terme était clair. Reste donc la question sur la guerre des sexes. N’étant ni sociologue ni psychologue, je me veux prudent. Il est toutefois évident qu’une tendance se dessine dans la jeunesse, un flottement, parfois une répulsion, dans l’abord de l’autre sexe et dans l’abord de soi-même. Mais sauf pour une archi-minorité de militantes, il n’y a pas de guerre des sexes. Afin d’évaluer le phénomène, il faut partir de ce qui échappe à l’effet de mode véhiculé par les porte-voix des minorités néoféministes et LGBT+. Dans la réalité vécue par l’immense majorité des gens, on observe la continuation de l’immémoriale rivalité entre les hommes et les femmes qui se confrontent pour savoir comment coexister, se rencontrer, s’aimer, se quitter, coopérer dans l’espace domestique, se partager les contraintes, éduquer les enfants, en vouloir, ne pas en vouloir, bref, défendre ses intérêts propres. S’il y avait réellement une guerre des sexes, la formation des couples hétérosexuels afficherait un taux d’effondrement qui rendrait obsolète la question posée.
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Pourquoi tant d’attaques contre le patriarcat au moment où il disparaît ?
Le patriarcat ne disparaît pas, il change de formes d’expression. Il perd de sa puissance sous les coups de l’activisme néo-féministe mais d’abord, au quotidien, sous l’effet de l’égalité totale prônée par la Commission européenne et encouragée par l’action gouvernementale, l’endoctrinement à l’école et à l’université, dans les lieux de culture, les grands magazines féminins, les principaux médias, la publicité, par mille petits moteurs suralimentés, ce qui fait du monde, assurément, mais surtout du bruit, sans que sa prévalence effective perde sa nécessité. Je dis bien sa nécessité, parce qu’un monde où disparaîtrait ce qu’on appelle le patriarcat, c’est-à-dire l’autorité paternelle, celle du géniteur, serait voué à la guerre perpétuelle de tous et toutes contre toutes et tous. Je n’ignore pas en quoi cette thèse peut choquer, puisqu’elle heurte
